Ils sont otages au Sahel depuis 700 jours

Marie Line Bondu, la belle-mère de Pierre Legrand, s'active pour accélérer le retour de son beau-fils en France, détenu depuis 700 jours à la frontière entre le Mali, le Niger, l'Algérie et la Mauritanie.
Marie Line Bondu, la belle-mère de Pierre Legrand, s'active pour accélérer le retour de son beau-fils en France, détenu depuis 700 jours à la frontière entre le Mali, le Niger, l'Algérie et la Mauritanie. © MAXPPP
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avec Martin Feneau , modifié à
Quatre Français restent détenus par Aqmi sans que les négociations ne progressent.

700 jours qui paraissent une éternité. Cela fait presque deux ans que l’organisation terroriste al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), retient quatre Français en otages dans le nord-est du Mali. Ces quatre otages ont un nom : Daniel Larribe, Marc Ferret, Thierry Dol et Pierre Legrand.

Tous salariés du groupe Areva, ils ont été enlevés fin 2010 par le groupe terroriste AQMI, qui s’est depuis illustré dans la prise de contrôle du nord du Mali. A quelques semaines de ce triste anniversaire, leur sort demeure incertain mais leurs familles commencent à perdre patience.

Un assaut nocturne qui pointe les failles de la sécurité

Le sort de ces Français a brusquement dérapé dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010 près d’Arlit, dans le nord du Niger. Le lotissement occupé par les salariés du groupe Areva, qui extrait dans la région l’uranium nécessaire aux centrales nucléaires françaises, est pris d’assaut par un groupe armé vers 3 heures du matin.

Les assaillants pénètrent dans plusieurs pavillons et en repartent alors avec cinq otages, qu’ils emmènent rapidement à bord de pick up en direction la frontière malienne, au cœur du Sahel.

Retenus dans une région inaccessible

Cinq jours après le rapt, la chaine Al Jazira diffuse le message d’un porte-parole d’AQMI, Salah Abi Mohammed, qui revendique l’enlèvement. Les récriminations de l’organisation islamiste sont classiques : de l’argent, la libération de prisonniers proches de leur mouvance et le retrait des troupes françaises déployées en Afghanistan.

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 Le contenu des négociations demeure secret mais l’Etat français est à la manœuvre pour tenter d’obtenir leur libération. Malgré ces pourparlers, on ignore où et comment les otages sont retenus. Des spécialistes évoquent le nord du Mali et plus précisément la zone du Timétrine, région montagneuse bardées de crêtes rocailleuses. Perdue en plein désert, la région est truffée de grottes et ne dispose d’aucune route. Un endroit inaccessible, idéal pour retenir des otages.

Les otages en vie mais séparés dans des lieux distincts

Les seules informations dont dispose la France proviennent de Françoise Larribe, l'une des otages libérée il y a cinq mois en raison de son état de santé. Cette dernière passait ses journées allongées sur une couverture, une radio islamique en fond sonore, et devait se contenter de repas plus que sommaires.

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Désormais, les quatre otages restants seraient retenus dans des lieux séparés, ce qui complique un peu plus toute possibilité d'intervention militaire. Seule certitude, ils étaient en vie à l’époque de l’élection présidentielle, en mai dernier, puisqu’un site mauritanien d'informations en ligne, Sahara Medias, a publié le 9 août une vidéo montrant séparément les otages français détenus dans le Sahel, tournée lors des "derniers mois du pouvoir" de l'ex-président français Nicolas Sarkozy. Sans surprise, les otages y invitent la France à poursuivre les négociations.

Depuis, c’est le chef de l'Etat nigérien Mahamadou Issoufou qui a donné des nouvelles des otages, affirmant le 7 juin sur la chaîne France 24 : "je crois qu'ils sont vivants et en bonne santé. Vous me permettrez de ne pas en dire plus".

Les familles lassées d’attendre

En l’absence de résultats probants, les familles et les proches des otages commencent à perdre patience. Les négociateurs leur ont pourtant conseillé de garder le silence et d’éviter les médias pour ne pas perturber les tractations. Mais 700 jours plus tard, ils ont décidé de briser le silence.

C’est pourquoi le grand-père du plus jeune des otages a accepté de se confier à Europe pour qu'on parle de son petit fils âgé de 25 ans, Pierre Legrand. "Deux ans, c’est beaucoup, c’est trop. L’enlèvement est insupportable depuis le début, on ne sait pas du tout ce qu’ils sont devenus. On ne sait pas ce qui bloque, on ne sait pas qui bloque. C’est vraiment une situation qui ne ressemble à rien", regrette-t-il.

Et ce proche de conclure : "ces garçons sont otages pour rien. Ils ne sont ni militaires, ni volontaires, ni des gens qui ont pris des risques. Donc pourquoi sont-ils retenus en otages ? Ils ne sont pas à leur place là où ils sont. Leur place est auprès de nous". Pour ne pas les oublier, les familles organisent un rassemblement le 15 septembre prochain.