Ile-de-France : 350.000 foyers dans la précarité alimentaire

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Alexis Toulon et Carole Ferry
LE CHIFFRE - Le loyer, les charges et les impôts impactent sur lourdement le budget des Franciliens. Une fois les coûts fixes payés, ils ont moins de 450 euros pour vivre.

Le coût de la vie en Ile-de-France est l’un des plus élevés de France. Premier poste de dépense pour nombre de foyers : le loyer, qui coûte en moyenne 541 euros par mois par ménage. A cela s’ajoutent les charges, l’énergie, les impôts, etc. à la fin du mois, 350.000 foyers franciliens ont en moyenne moins de 425 euros pour finir le mois, soit 14 euros par jour, pour se vêtir et se nourrir, selon l’Institut d’aménagement de l’urbanisme. Selon les bailleurs sociaux, cette somme est pourtant un minimum. Seul moyen de s’en sortir : réduire le budget logement.

Les chômeurs et les travailleurs pauvres ne s’en sortent plus. Le seuil de pauvreté en Ile-de-France est de 1.100 euros par mois. Beaucoup de personnes ont été touchées de plein fouet par la crise et ont perdu leur emploi, ce qui s’est accompagné d’une perte de revenus conséquents. Charles, 55 ans, était ingénieur et gagnait 5.000 euros par mois. Il a perdu son emploi et est arrivé en fin de droits au chômage. En couple, avec un enfant, il survit à Paris, avec la retraite de sa femme et les aides sociales sa famille touche 1.300 euros, le prix du loyer. "On ne sait pas comment remplir son frigo à la fin de la semaine, ni que répondre à son enfant qui vous dit : ‘il n’y a rien à manger’", témoigne-t-il au micro d’Europe 1. Pourtant, il est prêt à accepter n’importe quel job pour s’en sortir et à renoncé depuis longtemps à gagner son salaire d’ingénieur.

Les locataires du privé sont les plus touchés. Premières victime de cette précarité, les locataires, tant du privé que des bailleurs sociaux. Dans le premier cas, ce sont 140.000 ménages, principalement des personnes seules, des familles monoparentales et des jeunes. Le loyer grève fortement leur budget avec un prix moyen de 541 euros par mois. Une fois les factures réglées il leur reste moins de 226 euros par mois. L’Institut d’aménagement urbain estime qu’il manque à ces ménages franciliens 362 euros par mois pour s’alimenter et s’habiller.

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Le logement social n’est pas un graal. Les locataires qui bénéficient d’un logement social s’en tirent guère mieux : 126.000 personnes sont concernées par cette précarisation. Elles sont globalement plus âgées que celles du parc privé, généralement seules ou en couple avec enfants. L’institut pointe les charges locatives et l’énergie qui coûtent, en moyenne, 207 euros par mois. A la fin du mois il leur reste 414 euros. Selon l’Institut d’aménagement urbain, il leur manque 187 euros mensuel pour s’alimenter et se vêtir convenablement.

La propriété, un pas dans la précarisation. Les traites mensuelles du remboursement d’un crédit immobilier plombent aussi bien les budgets des jeunes que des séniors. En moyenne, les primo-accédants, plutôt composés de jeunes couples avec enfants, déboursent 1.224 euros par mois en remboursement. Les propriétaires non-accédants paient eux en moyenne 677 euros par mois, et sont souvent des personnes seules et âgées, avec un revenu faible. Dans le cas des primo-accédants, ils doivent en moyenne finir le mois avec 408 euros, alors qu’ils ont besoin du double. Les non-accédants, eux, ont seulement 164 euros de reste à vivre, bien loin des 520 euros nécessaires à un niveau de vie décent.

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