Grippe A : les généralistes prêts à vacciner

  • Copié
, modifié à
Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, a écarté cette possibilité à court terme. Mais les généralistes restent déterminés.

"Si c’est vous, docteur, qui me vaccinez, je viens sans problème. Mais je n’ai pas envie d’être vacciné dans un lieu anonyme, par une personne que je ne connais pas" : voilà la réaction que Nicolas Brugère, médecin à Bordeaux, entend depuis plusieurs jours déjà dans la bouche de ses patients. Pour ce généraliste, il n’y a pas de temps à perdre : pour que la campagne de vaccination soit une réussite, il faut que les médecins de famille y soient associés.

Stéphane Place, pour Europe 1, a rencontré le docteur Nicolas Brugère dans son cabinet :

Mais, pour la France, autoriser les généralistes à vacciner serait un virage à 180°. Contrairement à d’autres pays, les autorités françaises ont fait le choix dès le départ d’une vaccination collective, réalisée par des professionnels réquisitionnés pour l’occasion, dans des locaux publics. A la clé : un démarrage très lent, sur fond de réticence généralisée.

La ministre de la Santé avait semblé faire un pas en direction des généralistes mardi soir, en évoquant une possible extension "ciblée" de la vaccination à "certains cabinets médicaux" à partir du mois de décembre. Roselyne Bachelot est cependant revenue sur cette idée jeudi en parlant d'une nouvelle échéance : le printemps prochain.

Principal obstacle à la vaccination dans le cabinet des généralistes : la France a commandé des flacons de vaccin dits "multidoses", c’est-à-dire qu’ils contiennent 10 injections, dont la durée de conservation est limitée à 24 heures. "On voit plus de dix patients par jour", rétorque le Dr Brugère en montrant son réfrigérateur prêt à recevoir les doses. L’arrivée de vaccins monodoses (Novartis et Sanofi) dans les semaines à venir pourrait définitivement régler le problème.

Mais les médecins libéraux restent déterminés. Le syndicat CSMF a dénoncé dans un communiqué "l'attitude méprisante et rigide du gouvernement qui finalement a balayé d'un revers de main l'offre de service des médecins libéraux, alors qu'il n'existe aucun obstacle matériel à l'implication des cabinets volontaires dans le processus". "Déjà, dans certains départements, la coopération entre ces professionnels a permis la distribution efficace des masques de protection en privilégiant la proximité. Dans le cadre de la vaccination, cette coopération inter-professionnelle est une garantie supplémentaire de traçabilité et de respect de la chaîne du froid", a fait remarquer de son côté le syndicat MG France.

Pour les médecins généralistes, vacciner dans leur cabinet signifierait la fin des réquisitions, que certains syndicats accusent de provoquer une désorganisation dans la chaîne de soins. Pour les patients, ce nouveau système de vaccination aurait cependant un coût : celui d’une consultation.

> L'épidémie monte en puissance

> Les femmes enceintes vaccinées vendredi