Gaydamak : "Chirac et Villepin savent ce que j’ai fait"

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L’homme d’affaires en fuite confirme la version de Charles Pasqua et assure qu’il n’a pas acheté son ordre national du mérite.

Condamné par contumace à six ans de prison ferme dans l’affaire de l’Angolagate, Arcadi Gaydamak, en cavale depuis de longs mois, livre sa version des faits dans le Journal du Dimanche de samedi. Le sulfureux homme d’affaires rejoint quasiment en tous points Charles Pasqua –qui a présenté sa vérité jeudi en conférence de presse- notamment sur les conditions de libération des deux pilotes français retenus en ex-Yougoslavie en décembre 1995.

Les deux hommes se retrouvent notamment sur le point principal, à savoir que Jacques Chirac et Dominique de Villepin étaient parfaitement au courant du rôle joué par Arcadi Gaydamak dans l’opération. "Charles Pasqua a raison. Bien sûr qu’ils savent tout ce que j’ai fait ! Il y a une série de preuves qui existent", affirme l’homme d’affaires. "Quand les deux avions ont été abattus, nombreux étaient ceux qui disaient que les deux pilotes français avaient été tués. Charles Pasqua m’a demandé de venir le voir à la Défense, au conseil général des Hauts-de-Seine."

Arcadi Gaydamak précise ensuite que son rôle a consisté à convaincre la Russie d’intervenir. "Les Russes voulaient une confirmation officielle de l’Elysée, explique-t-il. Le général Zelenine, qui était le représentant des services secrets russes à Paris, s’est donc rendu à l’Elysée. Selon son rapport, il a vu Dominique de Villepin pour lui expliquer ce que nous pouvions faire. Rien n’aurait été possible sans un feu vert direct des Russes avec la présidence de la République." Le 13 décembre 1995, les deux pilotes abattus en plein ciel avaient finalement été libérés.

C’est donc pour son rôle qu’Arcadi Gaydamak aurait selon lui reçu la médaille de chevalier national de l’Ordre du Mérite. Or, la justice a estimé que l’homme d’affaires avait versé de l’argent à Charles Pasqua pour obtenir cette décoration. "Je n’ai rien demandé à personne, assure l’homme d’affaires. (Jean-Charles) Marchiani me l’a proposée et j’ai reçu un papier à en-tête de la présidence de la République me décernant la médaille sur le quota personnel de Jacques Chirac. J’ai été décoré le 14 Juillet. Je ne savais pas que Falcone, deux jours auparavant, avait fait un versement, dont j’ignore tout, à l’association France-Afrique-Orient, dont Charles Pasqua était vice-président. Il est absurde de lier cette médaille à ce versement…"

Enfin, sur le fond de l’affaire de l’Angolagate, Arcadi Gaydamak réfute toutes les accusations en bloc. "Il n’y a pas eu de ventes d’armes à l’Angola via la France. (…) Cette affaire a été montée de toutes pièces pour empêcher Pasqua de se présenter à la présidentielle de 2002. C’est une opération qui a marché à la perfection. Si Charles Pasqua avait été candidat, il y aurait eu un deuxième tour Chirac-Jospin, ou Jospin-Le Pen. Dans les deux cas, Jospin aurait pu l’emporter… Clearstream, c’est une même équipe qui a tenté d’accrocher Nicolas Sarkozy. Mais cette opération-là a échoué."

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