Espionnage: perquisition chez Renault

Une nouvelle perquisition s'est déroulée dans les locaux de Renault mercredi.
Une nouvelle perquisition s'est déroulée dans les locaux de Renault mercredi. © Reuters
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Frédéric Frangeul et agences , modifié à
L'enquête sur la pseudo-tentative d'escroquerie chez le constructeur se poursuit.

L’enquête sur la fausse affaire d’espionnage industriel chez Renault semble relancée. Des enquêteurs ont en effet procédé mercredi à une nouvelle perquisition dans les locaux de la direction générale du constructeur, à Boulogne-Billancourt. A cette occasion, le bureau de l'assistante du PDG Carlos Ghosn a notamment été fouillé.

La troisième perquisition depuis janvier

Une porte-parole de Renault a précisé que les enquêteurs avaient emmené des copies de documents et d'ordinateurs. Selon une source proche du dossier, "c'est la suite logique de l'enquête, nous procédons par étapes, il y a beaucoup d'éléments à examiner".

C’est le juge Hervé Robert, chargé de l'enquête, qui a mené la perquisition. Il s'agit de la troisième perquisition depuis le début de la fausse affaire d'espionnage industriel, requalifiée par la suite d'escroquerie, qui ébranle la société depuis le début de l’année 2011.

Trois cadres accusés puis blanchis

En janvier, Renault avait licencié trois de ses cadres haut placés, les accusant, à tort, d'avoir monnayé des secrets sur ses programmes de voiture électrique. Le numéro deux de Renault, Patrick Pélata, puis Carlos Ghosn lui-même étaient montés au créneau pour dénoncer une vaste affaire d'espionnage industriel, dont ils affirmaient disposer de preuves.

En mars, Renault avait fait des excuses aux trois cadres qu'elle avait injustement accusés puis licenciés. Patrick Pélata, le numéro 2 du groupe, avait fait les frais de cette affaire. L'un de ses anciens responsables de la sécurité, Dominique Gevrey, est mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Il est aujourd’hui incarcéré à Paris.

L'ex-responsable de la sécurité, licencié début mai pour "faute grave" a assuré pour sa part avoir agi de bonne foi par l'intermédiaire d'une mystérieuse source. Dominique Gevrey a certifié par ailleurs avoir suggéré d'alerter la police après que la direction eut reçu un courrier anonyme dénonçant les trois cadres et  l'origine du scandale.

L’avocat de Dominique Gevrey satisfait

Pour l'avocat de Dominique Gevrey, Me Jean-Paul Baduel, la perquisition au sein même de la direction est un tournant décisif dans l'enquête. "Mon client a toujours estimé qu'un certain nombre de choses devaient être faites, le magistrat instructeur l'a entendu", a-t-il dit.
 
L'avocat conteste la version donnée par Renault d'une opération de faux espionnage menée par son service de sécurité. Il soupçonne au contraire la direction de Renault d'avoir organisé "une manipulation qui ne date pas de l'affaire des trois cadres" dans le but de centraliser encore plus son organigramme autour de son PDG.

Me Baduel accuse également le parquet de Paris d'avoir "donné, depuis le début, une version fantaisiste" de l'affaire en accusant Dominique Gevrey. Une accusation qui, selon lui, ne résistera pas à "l'examen des faits".