Deux témoins surprise au procès du Dr Muller

Le docteur Muller comparaît depuis le 21 octobre devant la cour d'assises.
Le docteur Muller comparaît depuis le 21 octobre devant la cour d'assises. © MAXPPP
  • Copié
avec AFP
Deux gendarmes ont "retrouvé la mémoire" et affirment que l'accusé a pris un douche juste après la mort de sa femme.

Rebondissement dans le procès du Docteur Muller, accusé d'avoir maquillé le meurtre de sa femme en suicide. Quinze ans après les faits, des gendarmes ont en effet "retrouvé" la mémoire. Ils affirment que l'accusé se serait douché avant d'accueillir les enquêteurs le soir du drame. Des révélations qui ont conduit la cour d'assises de Nancy d'ordonner l'audition de ces deux témoins surprise. Pour rappel, Jean-Louis Muller, déjà condamné à deux reprises à 20 ans de prison pour le meurtre de son épouse, comparaît depuis le 21 octobre et pour la troisième fois devant une cour d’assises.

>> A lire - Suicide ou crime ? Le docteur Muller clame son innocence

"Pour moi, il venait de prendre une douche". Lundi, à la barre, le directeur d'enquête a annoncé avoir récemment recueilli, en préparant son audition devant la Cour, des confidences de deux gendarmes. Selon le directeur d'enquête, les deux fonctionnaires affirment que le médecin "venait manifestement de prendre une douche" juste avant de recevoir les enquêteurs sur les lieux du drame. Étant arrivés au domicile familial d'Ingwiller une demi-heure après l'appel téléphonique de Jean-Louis Muller à la gendarmerie, ces deux gendarmes avaient en effet pu constater ce détail. "Ils m'ont dit : 'quand il nous a ouvert, il avait les cheveux mouillés. Pour moi, il venait de prendre une douche. Il avait encore des traces d'humidité sur les vêtements'", rapporte le directeur d'enquête.

Devant les jurés, le directeur d'enquête a expliqué que c'est en préparant son dossier, dans la perspective de témoigner au procès, qu'il s'était aperçu qu'il lui manquait certaines pièces. Afin d'obtenir ces pièces égarées, il avait contacté vendredi l'un de ses amis, capitaine de gendarmerie, lequel lui aurait conseillé de joindre les deux gendarmes.

"Ça commence à bien faire". "Vous leur avez demandé pourquoi ils ont attendu 14 ans pour donner ces éléments?", a interrogé la présidente de la Cour d'assises, Marie-Cécile Thouzeau. De son côté, l'avocat de la défense, Me Eric Dupond-Moretti, s'est dit pour sa part "extrêmement dubitatif". Mais pour le Docteur Muller, ce rebondissement "commence à bien faire !". L'accusé est en effet sorti de ses gonds pour la première fois depuis le début de son procès. "Quinze ans après, deux gendarmes racontent n'importe quoi! Moi, on me chie dessus! Il y en a marre!", a-t-il poursuivi, excédé.

>> A lire - L’affaire Jean-Louis Muller

Les deux témoins entendus mardi. La Cour d'assises a toutefois décidé d'entendre mardi ces deux témoins surprise, ainsi que leur supérieur de l'époque, puisque les trois enquêteurs avaient signé le même procès-verbal. Fait étonnant, les deux gendarmes ne faisaient pas état de leurs "impressions" relatives à cette douche dans le procès verbal. De fait, ces détails n'ont que très peu de valeurs aux yeux des juges. Tout ce qui n'est pas inscrit dans le procès verbal s'apparente à des "témoignages ordinaires".

"Tous les éléments conduisent à une culpabilité". Dans tous les cas, malgré le manque de preuves formelles contre l'accusé, les jurés populaires ont déjà estimé à deux reprises que Jean-Louis Muller était coupable. "Certes, nous n'avons ni d'aveux, ni d'éléments matériels incontestables, mais nous avons une accumulation de charges. Lorsqu'on additionne tous les éléments ça conduit à une culpabilité, telle que deux cour d'assises l'ont déjà reconnue", avait commenté à l'ouverture du procès l'un des avocats des parties civiles, Maître Michael Wacquez. Jean-Louis Muller encourt une peine de 30 ans de réclusion criminelle.