Crash Rio-Paris : la contre-expertise met en cause l'équipage

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Photo d'illustration. © MAX PPP
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avec AFP , modifié à
VOL AF 447 - Selon elle, la catastrophe du vol Air France est due à une "réaction inappropriée de l'équipage après la perte momentanée des indications de vitesse".

La catastrophe du vol Rio-Paris d'Air France en juin 2009 est due à "une réaction inappropriée de l'équipage après la perte momentanée des indications de vitesse", selon le rapport de la contre-expertise ordonnée dans l'enquête judiciaire.

"L'accident aurait pu être évité". Les simulations et les expertises "ont clairement établi la prédominance des facteurs humains dans les causes de l'accident et dans les facteurs contributifs", affirment les cinq experts dans leurs conclusions. "Nous avons aussi déterminé que l'accident", qui a causé 228 morts, "aurait pu être évité, et ceci par quelques actions appropriées de l'équipage", ajoutent-ils.

Ce qui est reproché aux pilotes. Le collège d'experts a dressé une liste de 14 facteurs contributifs, par ordre d'importance. Ils citent d'abord la responsabilité de l'équipage, en évoquant "l'absence d'analyse structurée de la panne présente", "la non compréhension de la situation" et "la répartition des tâches dans le cockpit qui n'a pas été appliquée de manière rigoureuse". Bernard Chabbert, consultant aéronautique pour Europe 1, nuance la mise en cause de l'équipage, en soulignant que le rapport parle davantage d'une "réaction inappropriée".

La compagnie également mise en cause. Les experts "démontent le mécanisme qui a conduit à avoir un équipage qui a mal réagi", explique Bernard Chabbert. Ils mettent également en cause la compagnie aérienne, en déplorant une "absence de directives claires de la part d'Air France malgré plusieurs cas analogues faisant suite à des givrages des sondes Pitot et donc un retour d'expérience insuffisant". Ils pointent par ailleurs "l'insuffisance de la formation des pilotes dans l'application de la procédure IAS douteuses'", requise lors du givrage des sondes, et sur le comportement de l'avion lors de la perte des indications de vitesse.

Un rapport "complètement bidonné". Joint par Europe 1 mardi soir, Laurent Lamy, le frère d'une victime du crash, estime que "ces conclusions ne correspondent pas du tout à la réalité". "Les pilotes ne sont pas la cause mais les conséquences. Ce sont tous ces instruments qui ont indiqué de mauvaises informations aux pilotes qui ont fait que cet avion s’est crashé", a-t-il expliqué, déplorant un "rapport complètement bidonné". Contacté par l'AFP, un des avocats des proches des victimes, Me Yassine Bouzrou, a jugé le rapport "plein de contradictions et d'imprécisions". "Les experts se contentent de blâmer les pilotes tout en éludant la question centrale des défaillances techniques". La contre-expertise ne mettra pas fin au débat.

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