Contre la "casse" de la justice

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avec Pierre Rancé , modifié à
Plusieurs milliers d'avocats, magistrats, greffiers ou agents pénitentiaires ont manifesté mardi.

Permanences sous-payées, heures supplémentaires irrécupérables, vacataires non renouvelés, assistants de justice supprimés… C’est une justice à bout de souffle que les manifestants ont voulu dénoncer mardi, à l’occasion d’une journée de mobilisation contre ce qu'ils appellent "la casse" et "l'asphyxie" du service public de la justice.

A Paris, plusieurs milliers d'avocats, magistrats, agents des services judiciaires et pénitentiaires ont manifesté derrière une banderole proclamant "la justice est en danger : unissons-nous". Des défilés ont également eu lieu à Nice, Marseille ou Toulon. A Bordeaux, des élèves de l'Ecole nationale de la magistrature se sont joints au mouvement. En raison de ce mouvement, plusieurs audiences ont été reportées, notamment en Alsace.

"Un vrai problème démocratique"

"Nous sommes tous favorables à une réforme, notamment de la procédure pénale. Personne n’est pour le statu quo. Mais nous ne sommes pas pour cette réforme", a expliqué mardi sur Europe 1 Matthieu Bonduelle, le secrétaire général du Syndicat de la magistrature (SM). "Le problème, c’est que Michèle Alliot-Marie ne veut pas discuter du fond de la réforme, qui est la suppression du juge d’instruction sans évolution du statut du parquet. Et on nous laisse les miettes pour la négociation."

Même son de cloche du côté de l'Union syndicale de la magistrature (USM), majoritaire. "La réforme qu’on nous propose pose un vrai problème démocratique majeur. L’Europe le dit, le président du conseil constitutionnel le dit", a rappelé Christophe Régnard, président de l'USM, sur Europe 1.

Un système qui tient encore, disent ces acteurs du secteur, car leur engagement pallie au quotidien la misère d’une justice qui reste l’une des plus pauvres d’Europe. Voilà pourquoi, pour la première fois, ils ont décidé de s’unir : les magistrats qui doivent faire du chiffre et dont le traitement est remplacé par des primes, les avocats dont la plupart gagnent moins de 2.000 euros par mois et les greffiers dont la surcharge de travail devient si importante que certains en arrivent à dormir sur place.

Visioconférence et plaider-coupable

Sans oublier le sort des citoyens. Car avec la réforme de la carte judiciaire et la fermeture des tribunaux de proximité, c’est l’accès au juge pour le plus grand nombre qui serait menacé, sans compter la visioconférence et le plaider-coupable qui vont se généraliser.

C’est l’autre raison d'être de cette journée d’action : lutter contre les inégalités, lutter pour que le service public de la justice ne soit pas déshumanisé, et que le juge d’instruction ne soit pas remplacé par un système où seuls ceux qui auront de l’argent pourront se payer une contre-enquête.