Coca-Cola vs Royal de Luxe : le combat des géants s'ouvre jeudi

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La compagnie de théâtre accuse la firme de soda d’avoir volontairement imité ses marionnettes géantes sans son autorisation. L'audience s'ouvre devant le tribunal de Nanterre.

"Cela ressemble à un combat de David contre Goliath". La phrase est signée Jacques Leroy, président de la compagnie du Royal de Luxe, qui a assigné Coco-Cola en justice pour délit de parasitisme. La compagnie de théâtre nantaise accuse le géant américain du soda de s'être inspiré de ses fameuses marionnettes géantes dans une de ses campagnes publicitaires. L'audience s'ouvre jeudi devant le tribunal de commerce de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Europe 1 vous explique pourquoi la petite compagnie nantaise a de fortes chances de gagner contre la firme américaine.

Une marionnette géante pour son clip de Noël. L'affaire éclate en pleine "magie de Noel", une période chère à Coca-Cola, qui lance chaque année une campagne de communication mondiale autour de ce thème. En 2012, pour les fêtes de fin d'année, la firme américaine inaugure donc sa nouvelle campagne, baptisée "Open Hapiness Noël 2012". Dans son clip, diffusé dans soixante pays et sur Internet, un énorme cadeau est livré à des habitants qui découvrent qu'il s'agit d'un Père Noël géant, qui s'anime à l'aide de longs fils  tirés par les passants.

Sauf que ce Père Noël, aux allures de marionnettes, ressemble à l'identique à celles qui ont fait la renommée du Royal de Luxe. La démarche est la même. Tout comme le concept - une énorme marionnette qui se meut à l'aide de techniciens tirant des fils reliés aux différents membres du personnage. Même le regard, bien particulier aux œuvres du Royal de Luxe, a été repris par Coca-Cola.

Royal de Luxe attaque. Mais le Royal de Luxe n'est en rien derrière cette création réalisée à son insu. La compagnie de théâtre décide alors d'engager des poursuites contre la firme américaine, en l'attaquant pour "parasitisme" et "non respect de l'éthique des affaires". Cette notion de droit, introduite dans les années 1950, est définit par "le fait de se placer dans le sillage d'une société en tirant profit de sa notoriété". Elle permet de poursuivre toute personne ou entreprise, ayant copié ou s'étant inspiré d'une valeur économique ou d'un savoir-faire, d'un travail intellectuel et d'investissements, pour en tirer un avantage.

Royal de Luxe contre Coca-Cola

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Coca-Cola au courant des risques encourus. Et selon des échanges de mails entre Coca-Cola et ses agences de publicité, la firme américaine avait pleinement conscience des risques encourus en reprenant le concept des "géant du Royal de Luxe". Dans un courriel envoyé le 9 mars 2012, et dont Le Monde a obtenu une copie, une assistante juridique de Coca-Cola Europe prévient le service marketing : "si nous reproduisons les mêmes mécanismes pour notre marionnette géante de Père Noël, Royal de Luxe pourrait agir contre Coca-Cola sur le fondement du parasitisme."

Coca-Cola décide alors de demander l'accord à la compagnie de théâtre pour reprendre le concept des marionnettes géantes. Mais Royal De Luxe refuse. Coca-Cola s'entête tout de même et réalise son clip. Pour sa défense, la firme américaine explique que sa campagne n'a pas été diffusée en France. Un argument qui fait fi de la renommée internationale du Royal de Luxe (qui exporte ses marionnettes dans le monde entier) et de la diffusion du clip de Coca sur Internet.

La somme des indemnités réclamées confidentielle. La compagnie a donc de fortes chances de gagner contre le géant du soda. Pour l'heure, le montant des indemnités réclamées par le Royal de Luxe n'est pas connu. Mais la compagnie assure que l'argent ira au financement d'un nouveau spectacle ou à la création d'une fondation pour aider de jeunes compagnies.