Ces communes qui ont choisi d'armer les policiers municipaux

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Sébastien Krebs, avec AW
ENQUÊTE E1 - Chaque commune est libre de décider et le débat s'est imposé dans de nombreux conseils municipaux ces dernières semaines.

Faut-il armer les policiers municipaux ? La question s'est imposée lors de très nombreux conseils municipaux ces dernières semaines après les attentats de Paris.

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Les policiers sont demandeurs. Souvent, ce sont les policiers eux-mêmes qui ont écrit au maire de leur commune pour réclamer des armes, comme à Dijon ou à Clermont-Ferrand. Le débat est engagé, chaque commune est libre de décider : Orléans réfléchit, au Havre, le maire a créé un groupe de travail. A Tarbes c'est fait : la vingtaine de policiers municipaux sera armée, idem à Chalon-sur-Saône.

"Un policier non armé, c'est un garde champêtre". Le débat touche même les petites communes : Bourg-Saint-Andéol, commune de 7.000 habitants sur les bords du Rhône, sera, par exemple, la première commune d'Ardèche à armer ses policiers municipaux.

Pour le maire, Jean-Marc Serre, "un policier, s'il n'est pas armé, ce n'est pas un policier, c'est un garde champêtre". "Et au pire, c'est une cible pour les terroristes et pour les gangsters. Aujourd'hui, c'est d'autant plus justifié", explique-t-il.

"J'espère ne jamais m'en servir". Dans le village de Bourg-Saint-Andéol, les policiers municipaux patrouillent aujourd'hui simplement munis d'une matraque et d'une bombe lacrymogène à la ceinture. "Il vaut mieux en avoir (une arme NDLR) et ne pas s'en servir - et j'espère ne jamais m'en servir - que, comme Clarissa (la policière tuée par Amedy Coulibaly NDLR), ne pas avoir et ne pas pouvoir riposter", explique l'un d'eux. "Là, par exemple, il y a une banque. Si il y a un vol à main armée, la seule chose que je vais pouvoir faire, c'est appeler les forces de l'ordre, c'est-à-dire la gendarmerie. Je ne vais pas pouvoir intervenir : je n'ai rien. Le malfaiteur, lui, il peut faire usage de son arme", précise le policier municipal rencontré par Europe1.

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Marseille a fait volte-face. Le traumatisme de début janvier a fait changer d'avis certains maires. A Marseille, Jean-Claude Gaudin, qui s'était toujours refusé à armer les policiers municipaux a décidé de le faire. "Le temps est venu d'amorcer l'examen d'un armement plus complet", explique-t-il. Mais pas dans n'importe quelles conditions : "nous allons le faire, mais il nous faut le temps de la préparation, de la formation. Je ne veux pas de bavure!", précise Jean-Claude Gaudin.

A Marseille comme ailleurs, l'armement des policiers municipaux sera très encadré : chaque policier ne reçoit une arme qu'après une formation. Cela aura un coût aussi pour les communes.