Carburant: "atteinte au droit de grève"

© Google Map
  • Copié
avec Fabien Thelma , modifié à
La CGT dénonce une "opération commando" pour remettre en marche un dépôt du Havre.

Dimanche matin sur Europe 1, Dominique Bussereau s’est félicité du fait que les aéroports parisiens n’étaient plus en risque de pénurie de carburant. Le ministre de l’Agriculture n’a pas voulu préciser d’où et comment le kérosène était à nouveau apporté à Roissy notamment.

Le carburant vient en fait du dépôt de la Compagnie industrielle maritime (CIM) du Havre, dont les vannes ont été ouvertes. Mais pas par les employés de l’usine, quasiment tous en grève, mais par des cadres.

Ordre des "instances gouvernementales"

Au petit matin, un bateau a accosté sur le quai du dépôt pétrolier de la CIM. A son bord, 4 ou 5 personnes tout au plus qui se dirigent discrètement vers les vannes qui alimentent le pipe-line reliant le dépôt à l'aéroport de Roissy. Alertés par le bruit des pompes, les techniciens de sécurité préviennent la direction. Mais celle-ci est parfaitement au courant. Elle indique que l'ordre a été donné par des instances gouvernementales. Les syndicats sont scandalisés : "ils sont rentrés clandestinement sur le site. Ils ont utilisé un bateau, on ne sait même pas lequel", fulmine Philippe Saunier, responsable départemental CGT.

Ecoutez Philippe Saunier :

"Ils ont démarré les installations de pompage alors qu’ils n’ont strictement aucune formation. Ce n’est pas leur métier, pas leur contrat." Le syndicaliste dénonce "une opération commando, tout simplement"

"Ce qui est grave", poursuit-il, "c’est l’injonction du gouvernement pour démarrer cette installation, derrière laquelle se réfugie le directeur de l’usine. Il s’agit d’une part d’une atteinte au droit de grève, puisque la quasi-totalité du personnel est en grève, et du non-respect de la sécurité. Cette méthode démontre au moins une chose : le double langage par rapport au respect des lois. C’est de la délinquance organisée par les plus hautes autorités de l’Etat. En tous cas couverte par elles."

Le kérosène pas contrôlé

Philippe Saunier dénonce également les problèmes de sécurité que pose cette intervention. Selon lui, le kérosène qui est envoyé dans le pipe-line n'a pas été contrôlé alors qu'il est d'habitude "échantillonné". "C'est le carburant des avions. Alors quand il n'est pas contrôlé en termes de qualité, on peut se poser des questions", dit-il.

Le carburant se déversait toujours dans le pipe-line dimanche soir puisque les cadres n'avaient toujours pas quitté le dépôt. Les syndicats étudiaient un moyen pour empêcher leur relève.