Affaire Leprince : "le doute est partout"

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avec Marie Peyraube et agences , modifié à
L'avocat de Dany Leprince a pointé jeudi les zones d'ombres dans le dossier d'accusation.

"Je ne vous demande pas de le croire innocent, il vous suffit d'avoir un doute. Et le doute est partout !", a lancé jeudi Me Yves Baudelot aux juges de la Cour de révision. Pointant les zones d'ombres du dossier, l'avocat de Dany Leprince a demandé l'annulation de sa condamnation à perpétuité pour le meurtre de son frère et de sa famille en 1994.

Une analyse suivie par le parquet général qui a requis l'annulation de la condamnation et la tenue d'un nouveau procès pour examiner les nouveaux éléments du dossier. L'avocat général a également demandé la réouverture de poursuites dans l'affaire qui pourraient viser l'ancienne épouse de Dany Leprince.

Absence de preuves

Me Baudelot a d'abord relevé l'absence de preuves matérielles qui relient Dany Leprince à la scène du crime : pas de trace de pas, pas d'ADN, d'empreintes digitales ou de traces de sang sur ses vêtements. Il a ensuite pointé l'absence de mobile. Les enquêteurs avaient établi que Dany Leprince était jaloux de la réussite de son frère, plus riche et plus heureux en ménage. Pourtant, aucun témoignage n'est venu conforter ces allégations.

L'ex-épouse de Dany Leprince s'avère également être une pièce maîtresse du puzzle. A l'époque, Martine était la principale accusatrice. Il apparaît désormais qu'elle était très liée aux gendarmes en charge de l'enquête. Mais un autre élément trouble l'avocat de Dany Leprince : entendue récemment, Martine dit qu'elle aurait peut-être tué quelqu'un mais qu'elle ne se souvient plus de ce qu'elle a fait. Un couteau saisi à son domicile pourrait également avoir servi au massacre.

Un cas d'école

Conscient des "réticences" que la justice française a toujours eu à prononcer des révisions, Me Yves Baudelot a assuré que l'affaire Dany Leprince était un cas d'école. Il a rappelé que la décision de la commission de révision de libérer son client en juillet dernier, après 16 années de détention, était "une décision exceptionnelle".

"C'est je crois la première fois, et la seule fois, que la commission de révision a suspendu l'exécution d'une condamnation. Il faut une conviction et des motivations exceptionnelles" et on "aurait du mal à comprendre à neuf mois d'intervalle que la Cour de révision puisse prendre une décision inverse", a dit l'avocat. "Le renvoyer en prison, ce serait d'une cruauté insupportable", a-t-il argumenté.

La Cour de révision a mis sa décision en délibéré au 6 avril prochain.