Accusés de torture sur leur fille adoptive

L'enfant, aujourd'hui âgée de 8 ans, a été retirée à sa famille.
L'enfant, aujourd'hui âgée de 8 ans, a été retirée à sa famille. © CAPTURE D'ECRAN GOOGLE MAPS
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avec AFP
Ce couple des Yvelines se dit innocent. Il comparaît à partir de lundi devant les assises.

Le calvaire d'une enfant va être examiné par la cour d'assises des Yvelines, à Versailles. Un couple accusé d'"actes de torture et de barbarie" sur leur fille adoptive comparaît à partir de lundi. P. et M. Campin, âgés de 45 et 50 ans, se disent toutefois innocents, selon leurs avocats. Une trentaine d'experts et de médecins vont se succéder à la barre pendant trois semaines pour comprendre ce qui arrivée à K., aujourd'hui âgée de 8 ans et qui a été retirée à sa famille.

C'est un signalement de l'hôpital Necker, à Paris, qui a déclenché l'enquête en octobre 2007. Cette année-là, l'enfant, adoptée en 2005, avait été hospitalisée quatre fois en deux mois et souffrait de diverses anomalies osseuses, ophtalmologiques, ORL, cutanées et hépatiques. La fillette a aussi perdu son œil droit. Son père affirme qu'une infection nosocomiale est en cause, mais pour les médecins, il s'agirait plutôt d'une projection de produit corrosif, selon Le Parisien.

Pas une maladie génétique

L'hypothèse d'une maladie génétique, l'"incontinentia pigmenti", a été un temps évoquée par un médecin et les parents. Mais une expertise génétique menée en 2009 a conclu que ce diagnostic n'était pas le bon.

D'après une infirmière, l'enfant aurait confié que sa mère la mordait et lui enfonçait une fourchette "très fort" dans la bouche. D'autres soignants ont observé que la fillette répétait "pas taper moi, pas taper" quand ils tentaient de l'approcher.

Les parents nient

Les parents, eux, contestent tout acte de violence. Pour la mère, sa fille, "détraquée psychologiquement depuis son hospitalisation", perdait des dents en mangeant et était "insensible à la douleur". Le père est un ingénieur diplômé d'HEC et a été licencié en 2002. Il assure que son épouse est une "super mère", qui n'a jamais frappé l'enfant.

Tous deux sont par ailleurs parents d'un autre enfant, un peu plus âgé, qui n'a pas été maltraité. Les psychiatres mettent en avant le caractère "fusionnel" du couple, et ne parviennent pas à déterminer de mobile, note Le Parisien.

Un "syndrome de Munchausen par procuration" ?

Il pourrait s'agir d'un "syndrome de Munchausen par procuration", selon un collège d'experts réunis en 2010. Cette pathologie rare touche plutôt les mères, qui utilisent le corps de leur enfant, plutôt que le leur, pour faire reconnaître leur souffrance et attirer l'attention. Les maltraitances seraient donc plutôt le fait de la mère, mais selon l'accusation, le père était forcément au courant et n'aurait donc rien fait.

Le verdict est attendu le 31 mai.