10 ans après, qu'est devenue Ingrid Betancourt ?

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avec Nicolas Poincaré , modifié à
L'ancienne otage vit à présent à Oxford, en Angleterre, où elle suit des études de théologie.

"La reconstruction a été titanesque". Cette confession est celle d'Ingrid Betancourt. Lors de son enlèvement par la guérilla des Farc le 23 février 2002, elle concourait pour l'élection présidentielle en Colombie. Dix ans après, et quatre ans après sa libération, Ingrid Betancourt a abandonné à la fois la politique et son pays, dépassée par une célébrité qui n'a pas effacé toutes les blessures.

A l'occasion des 10 ans de sa captivité, son ouvrage Même le silence a une fin est republié chez Folio. Interrogée par Europe 1, l'ancienne otage revient sur la difficulté de se reconstruire après six ans de captivité dans la jungle colombienne.

"J'ai perdu beaucoup de choses"

"J'avais perdu mes enfants quand ils étaient encore petits, Lorenzo avait 13 ans et Mélanie en avait 16, et j'ai retrouvé des adultes. Titanesque reconstruction aussi parce que j'ai perdu mon père, donc j'ai retrouvé ma mère veuve et plus âgée. Titanesque également parce qu'entre ces années de captivité, j'ai perdu mon mari, mon partenaire de vie, et j'ai perdu aussi mon travail", se souvient avec un léger sourire Ingrid Betancourt.

"J'ai perdu beaucoup de choses et j'en ai gagné d'autres", résume l'ancienne otage. Cette dernière a en effet décidé de reprendre les études, "un rêve" qu'elle a nourri pendant sa captivité. "Je me suis mise à la théologie, c'était un domaine totalement inconnu pour moi, et ça me passionne", confie-t-elle avec émotion.

"Pas prête" à reprendre la politique

Si Ingrid Betancourt vit désormais à Oxford, en Angleterre, elle reste très attachée à son pays, la Colombie. "Je suis très proche de la Colombie, mais d'une autre façon. J'ai de nombreux contacts là-bas, de grands amis vivent dans le pays", raconte-t-elle.

Pour autant, l'ancienne otage n'est pas prête à reprendre son engagement politique en Colombie. "Mon travail, c'était la politique, mais plus qu'un travail, c'était ma passion. J'ai abandonné cette sorte de politique mais je n'ai pas abandonné ma passion. J'ai encore tous mes rêves. Je fais à mon propos niveau ce que je crois que je peux faire pour mon pays, pour la Colombie. Mais je ne suis pas encore prête à me relancer", prévient l'ex-otage.

Lorsqu'elle a été capturée par les Farc le 23 février 2002, l'ancienne sénatrice, comptait 1% d'intentions de vote. A l'époque, elle était très proche de Juan Manuel Santos, élu en 2010 président de la République. A l'occasion des 10 ans de sa captivité, ce dernier lui a passé un coup de téléphone.

"J'ai reçu un appel très touchant du président de Colombie pour les 10 ans de ma capture par les Farc et ça a été très émouvant. Mes relations avec la Colombie sont très fortes, très intenses", raconte-t-elle émue. Ingrid Betancourt ajoute qu'elle a régulièrement au téléphone d'anciens otages qui ont été retenus comme elle en Colombie. Mais "je suis contente d'être ici", précise-t-elle.

"Beaucoup de gratitude pour Nicolas Sarkozy"

Cette dernière garde d'ailleurs un œil sur la campagne présidentielle française. "Quand je vois les élections en ce moment, je me dis : quel bonheur de ne plus être dans la politique", confie-t-elle. Ingrid Betancourt laisse au passage entendre qu'elle soutient Nicolas Sarkozy pour qui elle garde "beaucoup de gratitude".

"Je pense que la France a encore besoin de lui. Je vois des choses que les autres ne voient peut être pas. Et en particulier sa qualité humaine. Je pense que c'est un président qui s'est mobilisé non pas seulement pour ma famille mais pour d'autres cas", remarque-t-elle. Parmi ces "autres cas", celui de Florence Cassez, détenue au Mexique. Récemment une demande de libération a été préconisée par un haut magistrat mexicain."J'espère que nous allons avoir de très bonne nouvelles pour Florence Cassez. J'attends ça avec impatience", commente Ingrid Betancourt.

Écoutez l'intégralité de l'interview d'Ingrid Betancourt :