Eclipse solaire : "la seule surprise est venue de la météo"

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Noémi Marois , modifié à
ANALYSE- Alain Cirou, l'expert Univers d'Europe 1, revient sur l'événement scientifique du vendredi 20 mars : l'éclipse solaire.

La danse des astres étant réglée par les lois de l'attraction, une éclipse solaire, par nature, ne contient pas de surprise. Et pourtant, entre la météo, l'engouement du public et les retombées scientifiques, l'éclipse solaire, totale au pôle nord et partielle en France, avait bien des choses à nous raconter. Europe 1 fait le debrief pour vous de cet événement exceptionnel avec Alain Cirou, l'expert Univers d'Europe 1 et directeur de la rédaction du magazine Ciel et Espace.

Invités surprise. Le soleil avait rendez-vous avec la Lune. Mais les nuages aussi. D'un ciel moribond dans le nord de la France à un ciel radieux en Norvège, les spectateurs n'ont pas été égaux face à l'observation de l'éclipse solaire. Et pour une partie des Français, les fameuses lunettes utiles à l'observation de cet événement n'ont pas servi à grand-chose. "La France de l'Est a vu parfaitement l'éclipse, comme par exemple en Alsace où il n'y avait pas de nuage", rapporte Alain Cirou. "Mais les deux tiers de la France n'ont finalement rien vu ", ajoute-t-il.

À l'étranger, il fallait être dans les îles danoises de Féroé, au nord du Royaume-Uni ou dans l'archipel norvégien du Svalbard pour en prendre plein les pupilles car "le temps y était parfait" et l'éclipse totale, souligne Alain Cirou. Des centaines de "chasseurs d'éclipses" s'y étaient d'ailleurs donné rendez-vous.

Les Français au rendez-vous. Mais l'engouement était aussi présent en France, malgré la couverture nuageuse : "en France, une centaine de points d'observations, organisés souvent par des amateurs, ont attiré les gens. À Paris, "au parc Montsouris, 300 personnes étaient réunies", se félicite Alain Cirou.

Et pour une poignée de privilégiés, il était possible d'échapper à la grisaille du  ciel. "Trois Falcon ont été affrétés spécialement pour observer l'éclipse, au départ de Paris et de Genève", explique Alain Cirou. Mais pour voler au-dessus de la couverture nuageuse, il en a coûté "entre 6 et 7.000 euros la place", selon l'expert Europe 1.

Internet : 20/20 ; éducation nationale : 0 pointé. Le ciel couvert ? Pas gravissime, selon Alain Cirou, puisque "grâce à Internet et pour la toute première fois, l'éclipse a pu être retransmise en direct et tout le monde a pu ainsi y assister". Même les élèves, quand les professeurs avaient la possibilité de la retransmettre sur leurs tableaux interactifs. En 1999, même si Internet existait déjà, aucun dispositif de ce genre n'avait pu être mis en place. 

Mais Alain Cirou distribue aussi ses mauvais points. L'Education nationale, selon lui, "a raté l'événement". Jeudi soir, le ministère a en effet demandé aux professeurs de ne pas laisser sortir les élèves dehors durant l’événement, quitte à déplacer l'heure de la récréation. Avant de se rattraper vendredi matin en autorisant les classes à se déplacer sur les lieux d'observations officiels. Trop tard, juge Alain Cirou. "Pourtant, les rectorats avaient été interpellés en amont par les spécialistes pour savoir ce qu'ils préparaient pour l'événement, sans fournir de réponses malheureusement", raconte-t-il à Europe 1. "L'école est censée être celle de la curiosité", interpelle-t-il, "ici, c'est le réel qui a été nié". 

Tempête solaire. Au niveau des retombées de l'événement, les scientifiques attendent les vidéos des satellites. La raison ? "Cette semaine ont eu lieu de très nombreuses aurores boréales", rapporte Alain Cirou. Même la France a été concernée puisque ces événements qui donnent des allures d'arc-en-ciel aux aurores ont été observés en Bretagne. Or, elles sont annonciatrices de tempêtes solaires. Les images de cette éclipse vont donc permettre "de voir à quoi ressemble la couronne solaire" dans un tel contexte. 

Rendez-vous en 2016 à la Réunion. Vous avez tout raté ou vous faites partie des malchanceux ayant dû supporter un ciel gris ? Pas d'inquiétude. "Le 1er septembre 2016, il y aura une éclipse annulaire totale à la Réunion et une autre éclipse totale aux Etats-Unis en août 2017". "Les éclipses solaires totales ou partielles ne sont pas un événement rare si on accepte de voyager puisqu'il y en a 2 à 4 par an dans le monde", rassure Alain Cirou.

Pour les Français ne désirant pas se déplacer, mieux vaut être patient… et très jeune. La prochaine éclipse totale dans l'Hexagone n'aura lieu qu'en 2081.

VIDÉO - Les secrets de l’éclipse solaire du...par Europe1fr

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