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Mélina Facchin / Crédits photo : Jean-Christophe Verhaegen / AFP , modifié à
Mardi, une patiente de l'hôpital de Remiremont, dans les Vosges, est décédée de manière "inattendue". Face à ce cas et à 12 autres plaintes déposées par des familles de patients, le Centre hospitalier a décidé de fermer temporairement son service de chirurgie, par mesure de précaution. Seule l'urgence chirurgicale restera opérationnelle.

Une mort suspecte de plus. Le Centre hospitalier de Remiremont, commune de moins de 10.000 habitants dans les Vosges, est de nouveau dans la tourmente après le décès d'une patiente qualifiée "d'inattendue" mardi. Un cas parmi tant d'autres puisque l'hôpital est déjà visé par 12 plaintes déposées par des familles de victimes, dont huit pour "homicides involontaires", pour des affaires remontant à mai 2022. Des malades souffrant de pathologies a priori banales, sans risque mortel, décèdent sur place après leur prise en charge, dans des circonstances souvent très floues.

Des mesures jugées tardives

Cette nouvelle affaire a poussé le Centre à suspendre, au moins jusqu'à mardi prochain, l'activité du service de chirurgie programmée. "Suite au décès inattendu d'un patient au Centre Hospitalier de Remiremont en chirurgie, et en raison du contexte général, en particulier sur les plaintes, il a été décidé, par mesure de précaution, de suspendre la totalité de l'activité programmée chirurgicale", indique l'établissement dans un communiqué. L'objectif est de vérifier que "toutes les organisations médicales et chirurgicales sont parfaitement conformes aux règles de l’établissement", poursuit la direction.

Les incidents graves s'enchaînent depuis plus d'un an. Par exemple, une femme de 59 ans, souffrant de pancréatite, qui n'a pas survécu à son opération. Autre situation étrange, une femme âgée de 78 ans qui a été admise pour une fracture du col du fémur et qui est également décédée il y a trois jours dans des conditions suspectes. Une autopsie va être va être pratiquée et la famille indique porter plainte. L'Agence régionale de santé "avait déjà diligenté, dès le 2 janvier 2023, une inspection médico-administrative chargée notamment d'examiner chaque cas identifié", à la suite des plaintes déposées devant la justice.

Une association de victimes se réjouit que des mesures soient enfin prises dans cet hôpital, même si celles-ci sont trop tardives, a estimé sa fondatrice. "Encore un décès qui aurait sûrement pu être évité", a-t-elle regretté. Les familles des victimes s'exprimeront pour la première fois dans une conférence de presse lundi prochain. D'ici-là, seules les urgences chirurgicales seront assurées au sein du Centre hospitalier.

"Ce ne sont pas les professionnels de santé qui sont visés"

Ce vendredi soir, une enquête pour "recherche des causes de la mort" a été ouverte, selon le procureur de la République d'Épinal. Trois enquêtes ont déjà été ouvertes pour "mise en danger et blessures involontaires". Patrick Genay du syndicat CFDT santé-sociaux des Vosges regrette tous ces décès suspects, mais il ne veut pas que l'on fasse porter le chapeau aux salariés de l'hôpital, très éprouvés par les événements. "La direction se doit d'engager des procédures immédiates, pour regarder s'il y a eu un dysfonctionnement ou pas. Ce ne sont pas les professionnels de santé qui sont visés. Les équipes locales CFDT sont en soutien aux professionnels de l'hôpital."

En attendant, le service de chirurgies programmées est fermé jusqu'à mercredi prochain, le temps que l'hôpital et l'ARS puissent mener leur enquête en interne.