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Ophélie Artaud , modifié à
Ce samedi, 28 départements sont placés en vigilance orange par Météo France. Alors qu'une nouvelle vague de chaleur va toucher le pays, les services hospitaliers sont-ils prêts en cas d'affluence ? Invité d'Europe 1, le président de l'Association des médecins urgentistes de France Patrick Pelloux est revenu sur la situation hospitalière et constate un recul, lié à une "sorte d'uberisation de la santé".

Alors que la chaleur s'installe ce week-end sur une grande partie de la France et que Météo France a placé 28 départements en vigilance orange canicule, les services hospitaliers sont-ils prêts à accueillir les patients en cas d'affluence ? La canicule de 2003 est toujours dans les esprits, mais pour Patrick Pelloux, la principale difficulté vient du fait que la situation hospitalière s'est largement dégradée en vingt ans. Invité d'Europe 1, le président de l'Association des médecins urgentistes de France a fustigé "une forme d'uberisation de la santé".

"Par rapport à 2003, on a fermé plus de 100.000 lits d'hospitalisation", rappelle Patrick Pelloux. "Trouver des places d'hospitalisation, c'est compliqué. On n'a jamais fermé autant de services d'urgence", alerte-t-il au micro d'Europe 1.

Une situation dégradée par rapport à 2003, constate Patrick Pelloux

Une situation qui semble se complexifier d'été en été. Selon Agnès Ricard-Hibon, porte-parole de la société française de médecine d'urgence, la crise aux urgences "est pire" cet été qu'en 2022. Par exemple, il y a quelques jours, l'accueil des urgences de Saint-Tropez, célèbre station balnéaire du Var, est resté fermé trois nuits. "Un de nos collègues est tombé malade est la seule solution a été de fermer quelques jours, alors que c'est une zone très touristique", explique Patrick Pelloux.

Selon lui, "ce qui est fou, c'est que c'est une première. En 2003, vous n'aviez pas ça. On arrivait à faire tourner toutes les structures d'urgences et c'était hyper important de les faire tourner", se souvient-il. "Là depuis deux ou trois ans, il y a cette idée d'aller vers un moins disant du service public, un moins disant de l'offre de soins pour les malades, en faisant croire qu'on pourrait faire une sorte d'uberisation de la santé", s'alarme le président de l'Association des médecins urgentistes de France au micro d'Europe 1.

"On est dans une gestion d'heure en heure"

Pour Patrick Pelloux, les décisions politiques ne vont pas dans le bon sens. "Là où la classe politique n'est pas honnête,  c'est que quand il y a des grands drames, au lieu de se dire 'ça ne fonctionne pas, il faut faire table rase de tout, et puis on revoit tout pour voir comment ça marche', non, on s'enferme dans des trucs qui ne fonctionnent pas", regrette-t-il. "Quand il y a eu le Covid, en mars 2020, on a arrêté le pays pour pas saturer les hôpitaux. Donc logiquement, on se dit qu'il ne faut pas reproduire ça, qu'on va dimensionner les hôpitaux pour éviter de nouveaux confinements."

Le médecin urgentiste considère qu'"on est dans une gestion d'heure en heure, au jour le jour" et qu'"il n'y a pas de perspective à long terme". Tout en rappelant qu'"on ne peut pas accuser le nouveau ministre de la Santé qui est là depuis quatre semaines", Patrick Pelloux espère qu'Aurélien Rousseau "va pouvoir changer les choses".