Les lits manquent aux urgences de Saint-Etienne. 0:59
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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par Antoine Terrel , modifié à
Le patient "présentait des conditions médicales et sociales qui rendaient difficile l'obtention d'un lit dans une unité de médecine", précise Patrick Mismetti, chef du pôle des urgences du CHU de Saint-Etienne.
INTERVIEW

La situation devient critique aux urgences de l'hôpital de Saint-Etienne. Comme le révélait mardi France Bleu Auvergne-Rhône-Alpes, un patient de l'établissement a été contraint de passer cinq jours sur un brancard, en raison du manque de lits disponibles. Invité jeudi d'Europe 1, le chef du pôle des urgences du CHU Patrick Mismetti regrette ces impressionnants délais d'attente, et précise "que c'est malheureusement assez souvent la règle aujourd'hui".

"On peut déplorer son séjour aussi long", explique Patrick Mismetti, qui affirme toutefois que le patient "présentait des conditions médicales et sociales qui rendaient difficile l'obtention d'un lit dans une unité de médecine". 

"Les conditions d'accueil sont plus difficiles"

"Un patient qui arrive n'est pas hospitalisé dans une unité de soins tout de suite", décrit le chef du pôle des urgences. "Le travail des urgentistes est de faire un diagnostic, de démarrer une stratégie thérapeutique et de trouver la destination optimale pour prendre en charge le patient. Et ça, on ne l'a jamais en 24 heures", explique-t-il encore. 

Pour Patrick Mismetti, un délai d'attente de 24-36 heures est finalement "presque le reflet du fait que les urgentistes font bien leur travail". Et d'ajouter : "Grâce à l'investissement de tous, la qualité des soins n'est pas remise en cause". En revanche, reconnaît-il, "les conditions d'accueil sont plus difficiles".

"Nos hôpitaux tournent à plein"

En effet, "nos hôpitaux tournent à plein", alerte le professeur, d'où un "petit délai d'attente pour les patients qui nécessitent une hospitalisation non-programmée". "Ça devient une situation critique quand on est au-delà de 36 heures, et c'est malheureusement assez souvent la règle aujourd'hui", déplore-t-il, alors que le patient de 72 ans a dû patienter pendant 120 longues heures. Du côté du personnel, on pointe particulièrement la fermeture de 28 lits cet été.

"Il y a des patients qui, une fois qu'ils ont été vus par des médecins, sont mis à la queue leu-leu dans les couloirs. Aujourd'hui, on attaque la journée avec une trentaine de patients qui ont dormi sur des brancards, dont un qui en est à 60 heures. C'est de plus en plus récurrent, et ce n'est plus acceptable", témoignait, jeudi matin, Amandine, infirmière à Saint-Etienne, au micro d'Europe 1.