Saint-Etienne : un patient passe 5 jours sur un brancard aux urgences, où la situation est au bord du chaos

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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par et Antoine Terrel , modifié à
Selon le personnel des urgences de Saint-Etienne, 28 lits ont été fermés cet été. Et de nombreux patients sont contraints de dormir sur des brancards.

Le chaos étend son emprise au service des urgences de l'hôpital de Saint-Etienne. Un patient vient même de passer cinq jours sur un brancard, comme le révèle France Bleu. Alors qu'un mouvement de grève est en cours depuis deux mois dans tous les services d'urgence de France, pour dénoncer le manque de lits et les conditions de travail, à Saint-Etienne, la situation devient particulièrement critique.

"Une trentaine de patients ont dormi sur des brancards"

Ce patient de 72 ans a ainsi attendu 120 heures sur un brancard, baladé de couloir en couloir en espérant qu'un lit se libère. Ce que déplore le personnel, c'est que 28 lits ont été fermés cet été. Conséquence : les délais d'attente s'étirent et les patients continuent d'arriver. Beaucoup doivent dormir dans les couloirs de l'hôpital.

"Ce sont des patients qui, une fois qu'ils ont été vus par des médecins, sont mis à la queue leu-leu dans les couloirs. Aujourd'hui, on attaque la journée avec une trentaine de patients qui ont dormi sur des brancards, dont un qui en est à 60 heures. C'est de plus en plus récurrent, et ce n'est plus acceptable", dénonce Amandine, infirmière à Saint-Etienne, au micro d'Europe 1.

Que répond la direction ? 

Dans un communiqué publié jeudi, la direction du CHU souligne que la prise en charge du patient "a été réalisée de manière conforme sur le plan médical et soignant, et qu'il ne présente pas de complication liée à cet épisode". Avant de préciser avoir immédiatement "diligenté toutes les investigations internes" pour que son parcours soit connu. Invité d'Europe 1, le chef du pôle des urgences du CHU Patrick Mismetti précise quant à lui que le patient "présentait des conditions médicales et sociales qui rendaient difficile l'obtention d'un lit dans une unité de médecine". 

Pour Agnès Buzyn, il faut "repenser l'organisation des soins. En déplacement dans les Yvelines, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a reconnu que la crise des urgences "persiste". "Il faut donc repenser l'organisation des soins en amont et en aval des urgences pour que les services ne soient pas saturés en permanence", a-t-elle affirmé.

Plus globalement, la direction de l'hôpital reconnaît traverser une période de "forte activité" et de "tension sur les lits d'aval". Si, comme tous les ans, plusieurs services ont fermé une partie de leurs lits pour la période estivale, l'hôpital a dû également fermer pendant un mois les vingts lits de l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD), afin de concentrer le personnel de ce service aux urgences. Et la direction de souligner les différentes mesures prises et qui ont permis, à l'en croire, "de contenir la durée moyenne d'attente d'hospitalisation à environ 30 heures". Parmi ces mesures, l'ouverture de 25 lits dans différentes unités et celle, lundi, d'une unité de gériatrie de 28 lits.

"C'est malheureusement souvent la règle aujourd'hui", déplore le responsable des urgences

Au micro d'Europe 1, Patrick Mismetti rappelle qu'un patient qui arrive "n'est pas hospitalisé dans une unité de soins tout de suite". "Le travail des urgentistes est de faire un diagnostic, de démarrer une stratégie thérapeutique et de trouver la destination optimale pour prendre en charge le patient. Et ça, on ne l'a jamais en 24 heures", explique-t-il encore. Si la qualité des soins au sein du CHU "n'est pas remise en cause", les conditions d'accueil "sont plus difficiles", admet-il toutefois.

"Nos hôpitaux tournent à plein", alerte encore le professeur. "Ça devient une situation critique quand on est au-delà de 36 heures (passées sur un brancard), et c'est malheureusement assez souvent la règle aujourd'hui", déplore-t-il.