Réforme des tarifs dentaires : combien allez-vous payer désormais ?

La pose d'une couronne céramo-métallique, par exemple, coûtera 550 euros au maximum en 2018.
La pose d'une couronne céramo-métallique, par exemple, coûtera 550 euros au maximum en 2018. © LOIC VENANCE / AFP
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Le gouvernement a annoncé jeudi le plafonnement des tarifs des prothèses dentaires, ainsi que l'augmentation de la base de remboursement des couronnes.

Ouvrez la bouche, il y a du nouveau chez votre dentiste. Comme l'a annoncé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, le gouvernement a validé jeudi la nouvelle grille des tarifs des soins dentaires, n'en déplaise aux dentistes, qui ont mené plusieurs actions de protestation ces dernières semaines, dont la dernière vendredi dernier à Paris, qui a rassemblé entre 6.000 et 10.000 personnes.

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Plafonnement progressif sur les prothèses. Dans un communiqué, le ministère de la Santé explique d'abord qu'un "plafonnement progressif des tarifs sur les prothèses sera instauré sur quatre ans". La pose d'une couronne céramo-métallique, explique le communiqué, coûtera par exemple 550 euros au maximum en 2018, et diminuera jusqu’à 510 euros à partir de 2020. Jusqu'alors, le prix d'une couronne dentaire n'était pas réglementé et une telle prothèse pouvait coûter entre 400 euros et 1.000 euros, selon le praticien, mais aussi selon la région.

Dans le même temps, la base de remboursement des couronnes, qui restent les actes prothétiques les plus courants, augmentera de 107,5 euros à 120 euros en 2019. Les prothèses dentaires étant prises en charge à hauteur de 70% par l'Assurance maladie, cela équivaudrait donc à un remboursement de 84 euros, contre 75,25 euros actuellement.

Cas pratique posé par le règlement arbitral et approuvé par le ministère :

Clément se fait poser une couronne. Son dentiste lui présente un devis de 540 euros pour la couronne et 250 euros pour l'inlay-core, qui sert de base pour poser la couronne.

Actuellement : L'Assurance maladie obligatoire et la complémentaire santé prenant en charge 626 euros, dans la situation actuelle, Clément devra payer de sa poche 164 euros.

À partir du 1er janvier 2018 : Une fois la réforme mise en place, le prix de la prothèse sera limité à 550 euros, et 250 euros pour l'inlay-core, ce qui ne change rien ici. Mais l'Assurance maladie obligatoire et la complémentaire santé prendront désormais en charge 644 euros. Il ne restera plus à Clément qu'à régler la facture de 146 euros, soit une réduction de 11%.

À partir du 1er janvier 2019 : Le dentiste ne pourra pas facturer plus de 530 euros à Clément pour la couronne et 210 euros pour l'inlay-core. Il sera par ailleurs remboursé à hauteur de 630 euros. Au final, il restera 110 euros à la charge de Clément, ce qui équivaut à une réduction de 33% par rapport à la situation actuelle. La baisse du reste à charge sera même de 45% en 2020.

Un coup de pouce pour les plus pauvres. Pour les 5,52 millions de patients bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), les plafonds déjà existants seront quant à eux revalorisés - pour la couronne métallique, le prix maximal passera ainsi de 230 à 250 euros - "et la prise en charge complète étendue à des actes supplémentaires", est-il écrit. Chose nouvelle, ces plafonds seront également appliqués aux bénéficiaires de l'ACS (aide au paiement d'une complémentaire santé), au nombre de 1,12 million en France.

Revalorisation des soins conservateurs. En échange, les soins conservateurs et de prévention seront revalorisés. Pour les dentistes, il deviendra donc plus intéressant de soigner une carie ou de faire un détartrage. À titre d'exemple, un chirurgien-dentiste percevra 67 euros en 2018 pour la restauration d'une dent sur un type de carie, contre 41 euros l'an passé. Pour le patient, en revanche, rien ne change : entre Sécu et mutuelle, il sera remboursé de la même façon.

Les chirurgiens-dentistes "en colère". Autre mesure prise par la réforme : "la création d’examens bucco-dentaires de suivi pour les jeunes à 21 ans et à 24 ans, pris en charge à 100%". Pour les patients, il s'agit donc plutôt d'une bonne nouvelle. L'un des principaux syndicats de la profession, le CNSD, se dit quant à lui "en colère". "Certains actes ne pourront pas être réalisés" car les tarifs "sont très inférieurs au coût de fabrication", affirme le syndicat. "La ministre met en difficulté des cabinets, tout ça pour de l'affichage politique", déplore sa présidente Catherine Mojaïsky.

Aujourd’hui, selon un récent rapport de la Cour des comptes, un assuré sur cinq renonce à des soins dentaires pour des raisons financières.