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Laetitia Drevet
Dans "Sans rendez-vous" mardi, Mélanie Gomez a reçu Pierre-Alexis Geoffroy, Psychiatre à l’hôpital Bichât-Beaujon, à Paris, pour évoquer les symptômes et les traitements des troubles bipolaires. Une maladie qui concerne environ 1% de la population française, et dont le diagnostic est encore loin d'être systématique. 
ON DÉCRYPTE

C'est une maladie complexe, aux symptômes changeants et qui peuvent varier d'un patient à l'autre. Les troubles bipolaires concernent environ 1% de la population adulte française, soit 600.000 individus. Invité de Sans rendez-vous mardi, Pierre-Alexis Geoffroy, psychiatre à l’hôpital Bichât-Beaujon, à Paris, revient au micro d'Europe 1 sur les symptômes et les traitements de cette maladie. 

Si on parle de "troubles bipolaires", au pluriel, ce n'est pas par hasard. "Il en existe plusieurs formes. Cela participe à la difficulté de diagnostic", souligne Pierre-Alexis Geoffroy. On en distincte notamment plusieurs types. "Ils ne correspondent pas à la sévérité, mais à l'intensité des phases d'excitation", précise le psychiatre. Car ces troubles se caractérisent chez les patients par l'alternance de "phases", d'épisodes maniaques et dépressifs. "On parle de 'type 1' quand la phase 'd'excitation' dure environ 7 jours. C'est un peu moins pour le type 2", précise Pierre-Alexis Geoffroy. 

Plusieurs signaux d'alerte

Plusieurs signes peuvent alerter les proches des personnes souffrant de troubles bipolaires. "Dans les épisodes maniaques, il y a une rupture de fonctionnement par rapport à avant. La modification devient pathologique quand elle entraîne des retentissements socio-professionnels." Exemple : une personne qui n'arrive plus à se concentrer sur une tache précise, des dizaines de projets lancés, dont aucun n'aboutit, des dépenses inconsidérées pour mener à bien des idées "délirantes". "Sur le plan physiologique, on remarque une réduction drastique du temps de sommeil, qui n’entraîne pourtant pas de fatigue, une alimentation réduite", poursuit le psychiatre. 

Un diagnostic peut être établi avant l'entrée dans un épisode de dépression. Dans cette seconde phase, les symptômes sont tout aussi intenses : "On n'a plus envie de rien, on est incapable de faire quoi que ce soit", indique Pierre-Alexis Geoffroy. Il évoque le cas de l'une de ses patientes, alitée pendant plusieurs jours d’affilée, qui, incapable de payer ses factures, avait subi une coupure d'électricité. Des symptômes qui peuvent ressembler à une dépression dite "classique", mais dont l'intensité est bien plus frappante. 

Traitements médicamenteux et thérapies

Il n'existe pour le moment pas de traitement curatif des troubles bipolaires. "Ce sont des traitements symptomatiques, qui visent à stabiliser la maladie et éviter de nouveaux épisodes", explique le médecin. Ils sont à adapter à chaque patient, selon ses besoins, l'intensité de ses épisodes, et sa résistance aux médicaments. Côté traitements médicamenteux, les trois prescrits en priorité sont le lithium, les thymorégulateus, les antipsychotiques atypiques, et les anticonvulsivants. Chacun compte bien sûr des effets secondaires, plus ou moins forts selon les patients. Un suivi rénal, cardiaque et thyroidien est donc nécessaire une fois le traitement entamé.

"Si l'on remarque des anomalies, on adapte aussitôt. Il n'y a pas de point de non retour", précise Pierre-Alexis Geoffroy. D'autres traitements sont également envisageables, psychologiques ou physiques. "Les physiothérapies et les thérapies cognitivo-comportementales ont d’excellents résultats. Le patient y apprend à gérer son stress vis-à-vis de facteurs qui engendreraient de nouveaux épisodes."

Autre option, les traitements physiques, comme les électrochocs, qui ont mauvaise réputation, mais ont prouvé leur efficacité sur des patients très résistants aux médicaments. Dernière possibilité, l'assemblage de plusieurs type de traitements, explique enfin le psychiatre : "La luminothérapie combinée aux anti-dépresseurs donne de meilleurs résultats que les anti-dépresseurs seuls."