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Grégoire Duhourcau
Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, et Olivier Véran, député LREM et neurologue, ont évoqué la pénurie de médecins au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1. Selon eux, le problème va s'empirer à court terme.
LE TOUR DE LA QUESTION

Arriver enfin à mettre fin au problème des déserts médicaux en France. C'est l'un des objectifs du projet de loi "Ma santé 2022", présenté mercredi en Conseil des ministres par la ministre de la Santé Agnès Buzyn. "Ce qui manque principalement, ce sont des forces médicales", explique Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau et président de la Fédération hospitalière de France, au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1. Selon lui, il faut "arriver à mutualiser les forces pour faire face à ce grand défi, cette grande réalité qu’est la pénurie des médecins".

"On va passer une période très difficile en termes de démographie médicale." Un problème qui est voué à s'empirer : "C’est hyper prévisionnel, on sait quelle va être la réalité demain et le pire est à venir, malheureusement", poursuit l'élu. "On va passer une période très difficile en termes de démographie médicale. Il n’y a pas de martingale, il n’y a pas une solution toute faite qui permettrait demain de résorber les déserts qui vont nécessairement se creuser pendant dix ans", abonde Olivier Vérand, député LREM de l'Isère, neurologue et rapporteur général de la Commission des Affaires Sociales.

"On a raté le coche de grandes réformes qui auraient dû permettre des transferts de compétences, des délégations de tâches, c’est-à-dire de permettre de déléguer certains actes professionnels à d’autres professionnels", poursuit-il. Au lieu de ça, "de très mauvaises décisions ont été prises".

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Le numerus clausus, principale cause des déserts médicaux. Olivier Véran fait ici référence au "numerus clausus qui bloque le nombre de jeunes étudiants qui peuvent faire médecine en France". Un système instauré "au début des années 1960". A cette époque, on parlait alors d'une "pléthore" de médecins : "Avant le numerus clausus, on formait plus de 10.000 médecins par an. Le premier numerus clausus était à 8.000 ou 8.500 médecins formés par an. Moi, j’ai passé le concours en 1998, quand on parlait encore de pléthore, on était 3.500 à être formés par an. Cette année, alors qu’on a fortement augmenté le numerus clausus depuis bientôt dix ans, on était encore seulement 8.000 à être formés."

Il poursuit en expliquant que "la première fois que le mot désert médical apparaît sur Google, c’est en 2001". "Les pouvoirs publics n’ont pas anticipé le fait qu’à force de brider, de diminuer, de réduire le nombre de médecins en formation, ça allait conduire à une catastrophe", explique-t-il.

"Il ne faut pas s’étonner qu’on ait une pénurie et la pénurie elle est globale." Et selon lui, tout cela était prévisible car "un, la population vieillit. Deux, la population a augmenté. Trois, le progrès médical fait que les consultations sont plus longues et plus techniques. Quatre, le mode d’organisation et de travail des médecins a changé". Dès lors, "il ne faut pas s’étonner qu’on ait une pénurie, conclut-il, fataliste.