Mon mari se masturbe souvent, dois-je m'inquiéter ?

La masturbation peut être un sujet tabou dans un couple.
La masturbation peut être un sujet tabou dans un couple. © Pixabay
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Jeudi, dans "Sans rendez-vous", sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous parle de la masturbation au sein du couple.
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Tina, 51 ans, voudrait comprendre pourquoi son mari se masturbe souvent, malgré une sexualité régulière et satisfaisante. N'est-ce pas assez pour lui ? S'y prend-elle mal ?  Est-ce le reflet d'une obsession ? Jeudi, dans Sans rendez-vous, l'émission santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous explique comment combiner désir et maternité.

Tina doit-elle s'inquiéter ?

"La masturbation n'a rien à voir avec la relation et le coït, ce sont deux histoires sexuelles différentes. Le plaisir de se caresser est facile pour un homme. Son organe sexuel étant extérieur, il le replace souvent et quand il le touche c'est agréable, alors pourquoi n'en ferait-il pas un peu plus ? Assez naturellement, depuis l'enfance, c'est un geste que la majorité des hommes a assez simplement. Après, qu'est-ce que ça va raconter de la relation ? Est-ce simplement une histoire de plaisir entre soi et soi, comme quand une femme prend du plaisir à se toucher les cheveux ?"

Le conjoint devrait-il se masturber en cachette ?

"Il peut le faire en cachette s'il le veut, son sexe lui appartient. Le faire devant Tina serait peut-être une violence, qui peut y voir quelque chose d'extrêmement agressif et excluant. S'il veut se masturber, ça ne regarde que lui, à moins que cela fasse partie d'un jeu érotique entre eux. Dès lors que c'est une histoire entre lui et lui, on ne voit pas trop ce que Tina aurait à faire là-dedans."

Tous les hommes se masturbent-ils régulièrement ?

"On ne peut pas faire de généralités. Des gens érotisent énormément la relation de couple, et mettent toute leur sexualité dans le couple. Pour ceux-là, la masturbation ne les intéresse pas. Tout le monde ne se masturbe pas, mais les hommes en ont davantage tendance parce qu'ils ont un rapport à leur sexe plus facile. Beaucoup de femmes ont, au contraire, le sentiment d'un sexe inexistant, qui ne se rappelle pas à leur bon souvenir en permanence. Les femmes touchent plus leurs seins que leur sexe, et les hommes touchent plus leur sexe que leurs seins."

A partir de quel rythme peut-on considérer la masturbation comme pathologique ?

"J'aime beaucoup cette expression 'la masturbation rend sourd'. En fait, c'est faux et c'est vrai. En réalité, ça ne touche pas du tout les organes auditifs. Mais à partir du moment où la masturbation rend sourd à l'autre, et bien on peut parler effectivement de quelque chose qui ne va pas, qui vient à fuir l'autre.

Du coup, vous avez des gens qui vont chercher, notamment sur internet, de l'excitation ailleurs. Ils sortent ainsi d'une idée de dépendance à l'autre, et ils sont dans des excitations qu'ils maîtrisent et qu'ils recherchent. C'est un peu comme un shoot de sucre qui appelle un autre shoot de sucre, sans cesse. Là on est dans l'addiction qui font qu'ils ne peuvent plus travailler, parce qu'il faut s'interrompre pour se masturber, ils sont fatigués le matin parce qu'ils se sont masturbés. Ça peut être handicapant dans leur sexualité, et ils en souffrent. Ces hommes savent très bien que ça ne va pas."

La solution n'est-elle pas de demander au mari de se masturber devant elle ?

"Ce n'est pas un problème, mais c'est un problème pour Tina qui pense que quelque chose lui échappe. C'est comme une maman qui cuisine et qui ne veut pas que son enfant mange autre chose. Il faut accepter qu'on ne peut pas toujours nourrir l'autre, que l'autre peut se nourrir l'autre. Le pénis de son hommes appartient à son homme, et pas à elle."