Didier Houssin préside le comité d’urgence coronavirus de l’OMS. 1:42
  • Copié
Antoine Terrel
Sur Europe 1, Didier Houssin, qui préside le comité d’urgence coronavirus de l'Organisation mondiale de la Santé, appelle les États à mieux anticiper le risque épidémique et à accepter de donner plus de pouvoirs à l'OMS.
INTERVIEW

S'inspirer des crises du passé pour ne pas reproduire les erreurs dans le futur. Dans son nouveau livre, L’ouragan sanitaire, comment sortir de la pandémie du Covid-19 et préparer l’avenir, Didier Houssin, qui préside le comité d’urgence coronavirus de l’Organisation mondiale de la Santé, plaide pour la prévention contre l'oubli des crises épidémiques. Invité mardi d'Europe 1, il appelle à donner plus de pouvoirs à l'OMS et estime que les États devraient être mieux préparés au risque épidémique. 

Après cette crise qui a touché le monde entier pendant plus d'un an, "il y a plus de chances d'être entendu et que dans l'avenir, on se prépare mieux à ce type de risque", estime aujourd'hui l'ancien directeur général de la Santé. 

Une fuite de laboratoire ? "Une hypothèse très peu probable"

Mais pour tirer toutes les leçons de cette crise, encore faudrait-il connaître avec certitude l'origine de cette pandémie. Or, même si l'hypothèse de la transmission par un animal reste encore privilégiée, certains continuent de soulever l'idée d'un incident de laboratoire. "Dans le passé, il y a eu quelques accidents de laboratoire qui ont causé des épidémies", rappelle Didier Houssin, citant notamment la variole en Angleterre. Mais, ajoute-t-il aussitôt, "aujourd'hui, l'hypothèse que le virus soit sorti d'un laboratoire en Chine est quand même très, très peu probable". 

Pour pouvoir écarter totalement cette hypothèse, "il faudrait mener des inspections très précises, de type policières. Mais c'est sans doute assez difficile à mettre en œuvre", poursuit Didier Houssin. D'autant que la Chine a été accusée d'avoir entravé la mission de l'OMS, qui s'est plainte d'un manque d'accès aux données du pays. 

Une OMS qui manque de pouvoirs

Sur Europe 1, Didier Houssin regrette le périmètre trop restreint des pouvoirs de l'organisation mondiale. L'OMS, dit-il, "ne peut que ce que les États membres veulent bien lui accorder". Or, aujourd'hui, "ils sont très jaloux de leur souveraineté. Ils ont bien voulu lui donner un certain pouvoir pour lutter contre la diffusion internationale des épidémies, mais cela ne va pas très loin... En gros, elle n'a pas de pouvoir d'inspection et de sanction." 

 

Mais l'OMS pourrait-elle voir son rôle évoluer ? "Nous verrons si l'Assemblée mondiale de la santé conduit à une révision du traité en matière de santé, le règlement sanitaire international, et permet de donner à l'OMS plus de pouvoir, mais je n'en suis pas sûr", répond le spécialiste. 

"On a la capacité de se préparer"

Pour Didier Houssin, il est également crucial que les pays, à leur niveau, renforcent leur préparation au risque épidémique. Les épidémies font partie "des grands risques récurrents comme les famines, les guerres, auxquels il faut absolument se préparer", alerte-t-il. "D'autant qu'aujourd'hui, on a la capacité de se préparer. On a des moyens techniques, scientifiques, et donc il faut mettre ça en haut de la liste."