Blouses, charlottes, masques, gants, compresses... Ces déchets médicaux qui doivent être incinérés ont doublé de volume avec le coronavirus. 1:42
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Théo Maneval, édité par Séverine Mermilliod
A l'épidémie du coronavirus s'ajoute un autre grand défi sanitaire : la production de déchets médicaux a en effet explosé dans les hôpitaux. Pour y faire face, toute la chaîne de gestion et de traitement de ces déchets a dû se réorganiser en urgence.

Blouses, charlottes, masques, gants, compresses... Tous ces déchets médicaux ne sont pas jetés comme des ordures classiques : ils doivent être collectés pour être incinérés. Et depuis le début de l'épidémie du Covid-19, jamais les professionnels du secteur n’avaient vu de telles quantités à détruire : elles ont quasiment doublé au niveau national. Au CHU de Nancy, on est passé de 70 à 130 tonnes par semaine, et même à 130 tonnes par jour pour toute l'Ile-de-France, selon la préfecture.

"Une explosion" de déchets

Du côté de la Pitié-Salpétrière à Paris, on compte trois fois plus de containers à évacuer, des containers spéciaux qui doivent être incinérés rapidement à plus de 1.000 degrés. Et les centres d'incinération se retrouvent débordés, notamment dans le Grand-Est et en Ile-de-France.

"Cela a été une explosion. On a doublé nos fréquence de collecte, on a accéléré les cadences sur les lignes de traitement", témoigne ainsi Marc-Antoine Belthé, directeur du développement chez Véolia. "On tournait sur six jours en deux équipes, et là on est passés à 7 jours sur 7 en 3x8. Pour faire tout cela, il faut plus de monde, donc on a renforcé les équipes à peu près de 50%."

Des employés en plus qu'il faut former de manière express aux processus de traitement de ces déchets dangereux (appelés "DASRI" pour "déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés"), qui suivent un circuit automatisé et séparé des ordures ménagères.

Face à la saturation en Ile-de-France, les sociétés de collecte ont même dû créer des navettes pour évacuer ces déchets vers d’autres régions, explique Youssef Ernez, directeur général de Proserv Dasri, le leader du secteur : "Au plus fort du pic, on avait sept navettes par jour. Des camions qui transféraient ces déchets franciliens vers d'autres incinérateurs à Nantes, Le Mans, Giens, Blois, ou Rouen".

Danger pour les conducteurs de camions

Autre problème : dans certains hôpitaux, le volume est tel qu'il n'est parfois plus possible de bien fermer les containers renfermant les sacs plastiques remplis de matériel médical usagé. Il y a alors danger pour les conducteurs des camions qui les récupèrent. "La conscience professionnelle a parfois fait que les bacs qui n’étaient pas fermés étaient quand même collectés, contrairement à la règlementation et même aux directives de notre employeur", relate Sylvain Kamesa, délégué CFDT chez Proserve Dasri. "En contact direct avec ces déchets, le risque est la contamination. Mais on a fait des efforts pour servir les hôpitaux, ils ont besoin qu’on évacue ces déchets."

Ces hôpitaux vont d'ailleurs devoir payer la facture des déchets supplémentaires à évacuer. Ils ont en général des contrats établis en fonction d’un nombre de tonnes habituel, avec leurs prestataires. Pour certains, l'addition a déjà augmenté de 50% le mois dernier.