Le Cytotec, un médicament contre l'ulcère de l'estomac, détourné pour déclencher des accouchements à terme, au risque de la santé de la mère et de l'enfant, sera retiré du marché français à parti de mars 2018, a annoncé l'Agence du médicament.
Un retrait effectif en mars 2018. "Le laboratoire Pfizer France nous a informés de sa décision de retirer du marché français son produit le Cytotec, largement utilisé en gynécologie hors AMM (hors des indications pour lesquelles il est prévu) qui sera effective le 1er mars 2018", a indiqué le Dr Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l'Agence du médicament ANSM à l'occasion des sixième Etats généraux organisés, jeudi à Paris, par l'association le Lien de défense des patients. "Le Cytotec, sur le marché depuis 1987, est très peu utilisé en gastroentérologie et l'est majoritairement en gynécologie", essentiellement pour l'IVG et le déclenchement artificiel de l'accouchement à terme, selon l'ANSM.
Risques de surdosage. Le recours au Cytotec, qui se prend normalement par voie orale, est donné par voie vaginale pour déclencher l'accouchement à terme d'un enfant viable. Mais cette pratique, qui comporte des risques graves pour la santé de la mère et de l'enfant, est un "scandale", estime l'association Timéo qui a milité pour son interdiction avec le soutien du Lien. Cet usage détourné comporte en effet des risques de surdosage car il suppose d'utiliser un huitième du comprimé qui est dosé à 200 microgrammes, ce qui vu sa taille (moins d'un centimètre) est pour le moins hasardeux, relève le Dr Harvey "remonté comme un coucou" contre cette pratique dangereuse, motivée par des considérations financières.Le risque est d'entraîner des contractions trop fortes, et une mauvaise oxygénation du foetus, selon l'obstétricien.
"Modifier la loi". Un retrait qualifié de "bonne nouvelle" par Alain-Michel Ceretti, fondateur du Lien. "Mais l'affaire du Cytotec révèle la faiblesse de l'autorité de l'Etat en matière de sécurité sanitaire, un problème au centre des Etats généraux" juge-t-il. L'agence du médicament avait déjà mis en garde, en 2013, contre les risques graves pour la mère et l'enfant (rupture utérine, hémorragie...) de cet usage. "Il faut modifier la loi pour pouvoir interdire des pratiques identifiées comme dangereuses", ajoute Alain-Michel Ceretti.