La dépendance affective est une faiblesse personnelle, selon la psychanalyste Catherine Blanc. 4:00
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Catherine Blanc
Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Myriam, 24 ans, qui se dit dépendante affective de son petit ami. Selon elle, cet état est un état dépressif qui est la conséquence d'un manque durant l'enfance...

La dépendance affective peut rendre dépressif, agressif et jaloux. Dans "Sans Rendez-vous", la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a répondu à la question de Myriam, qui se sent dépendante de son copain et cherche des conseils pour vivre autrement. Elle lui conseille de chercher les raisons de cet état dans son enfance.

La question de Myriam, 24 ans

"Je suis très proche de mon copain. On vit ensemble. Dès qu'il part voir des amis ou sa famille, je me sens vide. J'ai l'impression d'être super dépendante et j'ai du mal à vivre comme ça. Avez-vous des conseils à me donner ?"

La réponse Catherine Blanc

"La dépendance est une conséquence du fait de se sentir vide, c'est à dire qu'il y a chez elle une trop faible compréhension de sa valeur, un doute quant à elle même. Elle ne se réduit qu'à ce que l'autre la fait devenir, ce qui renvoie certainement à son histoire de petite fille avec sa maman : avoir besoin d'absorber l'autre pour se sentir rempli. On fait de l'autre, des autres, de son amoureux, le moyen d'existence et donc le moyen d'une dépendance qu'on pourrait avoir aussi au travers de la nourriture. Il y a par exemple des gens qui vont combattre cet état dépressif - au sens de se déprécier - en se nourrissant à l'excès pour pouvoir justement remplir ce vide sidéral qu'ils ressentent à l'intérieur. C'est une grande douleur. Et ce n'est pas la preuve d'un amour, c'est vraiment la preuve d'une faiblesse personnelle."

Est-ce forcément lié à un traumatisme ?

"Cela peut être un traumatisme, comme avoir manqué d'une maman étant nourrisson, parce que la dépendance se met vraiment en place très, très jeune. C'est souvent aussi une maman qui a été là, mais qui a été elle-même dépressive donc n'était pas porteuse de positif dans le regard ou d'émerveillement de ses propres capacités. C'est une maman qui a peut être vécu un baby blues qui a traîné en longueur ... L'enfant ne se sent pas rempli par la mère, ce qui va créer un grand sentiment de vide qui se répercute ensuite et trouve tous les moyens de dépendance pour essayer de se combler."

Est-ce que la dépendance affective touche plus les femmes que les hommes ?

"Non pas du tout. On le voit peut-être plus particulièrement exprimé par les femmes. Mais les hommes le font autrement. Leur dépendance est souvent dans l'organisation : 'Où tu vas. Mais pourquoi tu rentres à telle heure?', quelque chose un peu policier dans leur façon de faire, un peu agressif, mais ça n'en est pas pour autant différent."

Est-ce que cette dépendance s'accompagne de traits de caractère comme la jalousie, l'intolérance à la frustration...?

"Oui, bien sûr. L'agressivité est primordiale, bien sûr, puisque c'est la colère contre ce qui ne remplit pas. Mais aussi la jalousie, ou les pleurs et tous les gros chagrins. Et évidemment, c'est un état dépressif."