Fermer des urgences la nuit ? "Ce n'est pas une réponse aux besoins de la population"

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Plus de 21 millions de passages ont été enregistrés aux urgences en 2016. © PATRICE COPPEE / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Pour le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, interrogé sur Europe 1 mercredi, la préconisation de la Cour des comptes de faire évoluer des petits services d'urgences à la faible activité relève de la "logique d'économies".
INTERVIEW

Dans son dernier rapport remis à Emmanuel Macron, la Cour des comptes préconise, entre autres recommandations de fermer certains services d'urgences, "à l'activité insuffisante", la nuit. "C'est une logique d'économies, ce n'est pas une logique de réponse aux besoins de la population", a répondu Christophe Prudhomme, porte-parole des médecins urgentistes de France, sur Europe 1, mercredi.

"Dans la période actuelle, c'est particulièrement choquant de la part de la Cour des comptes", explique-t-il. "Un service d'urgence, ce n'est pas là pour faire de l'activité, c'est pour être là au cas où. La Cour des comptes ferait mieux de chercher des économies ailleurs que sur le système de santé, qui est aujourd'hui à l'os." 

"Maintenir les hôpitaux de proximité". Il prend notamment en exemple l'augmentation constante de la fréquentation des urgences, avec plus de 21 millions de passages en 2016. "La logique qui préside aujourd'hui à l'organisation des urgences, c'est qu'aucun citoyen ne doit être à plus de 30 minutes en voiture d'un service d'urgence, [et] on peut faire des économies avec un bon aménagement du territoire", au lieu de "concentrer les moyens dans des monstres hospitaliers".

D'où l'intérêt, selon l'urgentiste, de "maintenir des hôpitaux de proximité plutôt qu'envoyer les malades dans la métropole, avec des coûts de transport et d'hospitalisation beaucoup plus élevés qu'en prenant en charge les pathologies banales dans les hôpitaux de proximité.

Favorable à un statut des infirmières. En revanche, Christophe Prudhomme se dit favorable à la préconisation de la Cour des comptes de déléguer des tâches supplémentaires aux infirmières : "C'est une évolution nécessaire. Par contre, il faut qu'on reconnaisse ces nouvelles qualifications aux infirmières et qu'elles prennent une autre place dans le système de santé en termes de responsabilités et de rémunérations", réclame-t-il par ailleurs.