La Belle au bois dormant s'endort pour cent ans après s'être piquée sur un fuseau. 6:14
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Antoine Terrel , modifié à
Invité vendredi de "Sans rendez-vous", sur Europe 1, le docteur Laurent Vercueil est venu présenter son livre "La belle au bois dort-elle vraiment ?", dans lequel il s'amuse à comparer les phénomènes ou créatures décrits dans les contes ou récits fantastiques à de réels troubles médicaux. 

Ces récits ont sûrement bercé votre enfance, mais aussi peut-être perturbé vos nuits avec leurs personnages effrayants. Les contes pour enfants ou les récits fantastiques regorgent en effet de créatures surnaturelles et de phénomènes inexpliqués. Dans son livre La belle au bois dort-elle vraiment ?, le médecin et neurologue au CHU Grenoble-Alpes Laurent Vercueil s'amuse à s'interroger si ces phénomènes peuvent s'expliquer ou non par de réels troubles neurologiques ou médicaux. 

La Belle au bois dormant souffre-t-elle d'hypersomnie ?

Après s'être piquée sur un fuseau ensorcelée par la méchante fée, la Belle au bois dormant s'endort pour un long sommeil de cent ans. Dans la médecine, si un endormissement aussi long n'existe bien évidemment pas, "il y a des hypersomnies réelles qui constituent des troubles de la santé, et qui ont un impact réel sur la vie quotidienne de ses ados", explique Laurent Vercueil. Qui fait référence notamment à la narcolepsie, cet endormissement brutal parfois engendré par des émotions, des douleurs, etc. 

Un syndrome porte d'ailleurs le nom de la princesse du conte de Perrault : le syndrome de Kleine-Levin, nommé "sleeping beauty syndrome" au États-Unis. Ce syndrome, explique l'invité d'Europe 1, "concerne des adolescents qui vont présenter des phase de sommeils très prolongées, pendant plusieurs jours ou semaines, de manière inexplicable ou récurrente". Cependant, précise le neurologue, les personnes atteintes par ce syndrome, à l'inverse de la Belle, "ne s'endorment pas brutalement comme dans la narcolepsie, et ont des petites phases d'éveil avec des comportements très particuliers, hyperphagiques, (se manifestant par une surconsommation de nourriture) ou hypersexuels".

Dans le conte, tous les habitants du château s'endorment également. Un phénomène sans doute inspiré par des faits réels, explique Laurent Vercueil. "Au 17e siècle, au moment où les folkloristes envoient leurs collecteurs dans les campagnes, il y a eu des épidémies d’encéphalite léthargique, c'est à dire une inflammation du cerveau qui entraîne le sommeil", raconte-t-il. Ainsi, au Danemark ou encore en Angleterre, dans plusieurs villages, de nombreux habitants se sont mis à dormir massivement. 

Les zombies ont-ils un cervelet endommagé ? 

Avec sa démarche saccadée, lente et les jambes écartées, mais aussi son regard vide, le zombie compte parmi les créatures fantastiques les plus effrayantes. "Dans le cerveau, pour les problèmes d'équilibre et de marche, c'est le cervelet", explique Laurent Vercueil, tandis que les problèmes de mémoire sont gérés au niveau de l'hippocampe. Or, "on sait que ces deux structures partagent une même propriété, à savoir une sensibilité majeure à l'anoxie, c'est à dire la privation d'oxygène", indique encore le neurologue. Ainsi, "ce dont souffrent potentiellement les zombies est un défaut d'oxygénation de ces deux structures", pouvant avoir été entraîné par un arrêt cardio-respiratoire". 

Les elfes et Simplet de "Blanche Neige" rappellent des syndromes connus

Dans la mythologie nordique, rappelle Laurent Vercueil, les elfes sont des êtres de petite taille, avec une grande bouche et un nez retroussé. Ils sont également très sociables et très portés vers la musique. Or, ces caractéristiques, indique-t-il, "sont identifiées comme celles du syndrome de Williams". Ce syndrome génétique "entraîne un handicap cognitif et des traits particuliers comme une très importante empathie", explique encore le médecin, ainsi qu'un faciès "assez proche de celui décrit pour les elfes". 

Beaucoup plus récente, la figure de Simplet, présenté dans le dessin animé de Walt Disney Blanche-Neige et les Sept Nains comme un personnage muet, toujours joyeux et riant très souvent, mais aussi très maladroit, rappelle aussi un syndrome identifié, assure Laurent Vercueil : le syndrome d'Angelman. Mais ce trouble ne sera décrit "que 28 ans après le dessin animé", précise-t-il. "Peut-être que dans l'entourage de Disney ou d'une des personnes qui ont contribué au film, il y avait une enfant qui avait un syndrome d'Angelman", s'avance-t-il.