Eau du robinet : des milliers de Français exposés à une contamination à un agent cancérogène
Des dizaines de milliers de kilomètres de tuyaux d’eau potable seraient contaminés par du chlorure de vinyle monomère (CVM). Un agent cancérogène qui serait relâché par la dégradation des tuyaux en PVC, installés à partir de 1960. Certaines estimations indiquent que 600.000 Français seraient exposés. Europe 1 fait le point.
Serait-on face à un scandale sanitaire de grande ampleur concernant notre eau du robinet ? C’est en tout cas ce que semble démontrer un article publié par un chercheur en fin de semaine sur le site de l’université d’Angers : selon lui, des dizaines de milliers de kilomètres de tuyaux d’eau potable sont contaminés par du chlorure de vinyle monomère, aussi appelés CVM.
Il s’agit d’un agent cancérogène qui serait relâché par la dégradation des tuyaux en PVC installés à partir des années 1960. Certaines estimations indiquent que 600.000 Français seraient exposés dans plusieurs régions françaises.
Plus de 6.000 anomalies en dix ans
Certains territoires sont en effet particulièrement concernés par le dépassement du seuil légal, fixé à 0,5 microgramme par litre d’eau, explique l’auteur de cette étude Gaspard Lemaire, doctorant au sein de la chaire Earth de l’université d’Angers. "En Normandie, on parle de 2.792 non-conformités qui ont été identifiées entre 2014 et 2024 et en Nouvelle-Aquitaine entre 2.000 et 2.200 non-conformités", précise-t-il.
L’étude pointe même le cas d’une commune au taux 1.400 fois supérieur au seuil réglementaire. Sur neuf régions étudiées, plus de 6.000 anomalies ont été recensées sur dix ans. Pour Gaspard Le Maire, l’État est responsable. "Il aurait dû mettre en place une campagne systématique de détection. Il ne l'a fait que très tardivement, à partir de 2011. Aujourd'hui encore, lorsque ces données sont collectées et que des dépassements sont identifiés, les habitants ne sont pas prévenus de façon systématique", s'alarme-t-il.
Alors pourquoi ces tuyaux n’ont-ils pas été remplacés ? Le problème viendrait peut-être du coût des travaux. Selon le chercheur, les changer coûterait au minimum 10 milliards d’euros.