Affaire Nestlé : eau en bouteille ou du robinet, comment choisir ?

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Ophélie Artaud
Une enquête préliminaire pour tromperie a été ouverte mercredi à l'encontre du groupe Nestlé Waters, qui aurait eu recours à des traitements interdits pour rendre ses eaux potables. Une affaire qui relance l'éternel débat : vaut-il mieux consommer l'eau en bouteille ou celle du robinet ? Car, si les deux sont contrôlées, elles sont chacune confrontées à des problèmes spécifiques.

Les eaux minérales en bouteille du groupe Nestlé Waters à Épinal ont-elles subi des traitements illégaux ? C'est ce que va chercher à savoir le parquet d'Épinal, qui a ouvert une enquête préliminaire pour tromperie à l'encontre du numéro un mondial de l'eau minérale, après la publication d'une enquête du Monde et de Radio France. Selon les deux médias, qui ont publié des extraits d'un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), "30% des marques françaises ont recours à des traitements non conformes pour continuer à vendre de l'eau initialement impropre à la consommation". Parmi ces pratiques, l'utilisation d'ultraviolets ou de filtres au charbon actif pour purifier l'eau de résidus de métaux, de pesticides ou de bactéries. Une affaire qui pourrait une nouvelle fois faire vaciller la confiance des consommateurs, et relancer l'éternel débat : vaut-il mieux choisir l'eau en bouteille, ou celle du robinet ?

Des polluants éternels dans l'eau du robinet 

L'eau du robinet fait aussi face à beaucoup de méfiance. Pourtant, elle est extrêmement contrôlée, comme l'explique l'UFC Que-Choisir. "Cinquante-quatre paramètres différents font l'objet d'une surveillance et sont régulièrement contrôlés" par les pôles Santé et Environnement des Agences régionales de Santé (ARS). À cela s'ajoute d'autres suivis, réalisés par les usines de traitement et les réseaux de distribution. L'eau du robinet peut toutefois être confrontée à des problèmes particuliers.

En décembre dernier par exemple, des usagers de plusieurs quartiers de Bordeaux avaient constaté que l'eau avait une étrange couleur : rapidement, Eau Bordeaux Métropole avait déconseillé de la consommer, le temps que des analyses soient faites. Les choses étaient rentrées dans l'ordre dès le lendemain, et la situation était liée à des fortes pluies, selon la régie de l'Eau. Plus problématique, le 15 janvier dernier, l'ARS d'Auvergne-Rhône-Alpes a publié des analyses confirmant que l'eau destinée à la consommation de plus de 160.000 habitants comportait des PFAS, soit des "polluants éternels". Si la consommation de ces eaux n'est pas interdite, les communes concernées vont devoir apporter des solutions dans les trois ans à venir.

Des nanoparticules dans l'eau en bouteille

Comme l'eau du robinet, celle en bouteille doit aussi respecter de nombreuses normes et est souvent contrôlée. L'UFC Que-Choisir distingue les eaux minérales "qui sont soumises à des normes spécifiques et peuvent atteindre des teneurs qui ne sont pas tolérées pour l'eau potable", comme le niveau de fluor, de calcium, de magnésium... en fonction des bienfaits qu'elle avance. De leur côté, les eaux de source sont soumises à la même réglementation que l'eau du robinet. Mais toutes deux "ne doivent pas subir de traitements de désinfection", rappelle l'UFC Que-Choisir.

Pourtant, les eaux en bouteille sont aussi confrontées à des interrogations. Le 8 janvier dernier, la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences publiait une étude affirmant que ces eaux sont contaminées par une importante pollution plastique. Selon les scientifiques, différentes marques de bouteilles compteraient jusqu'à 240.000 fragments de micro et nanoplastiques par litre, ce qui peut avoir des conséquences sur la santé des consommateurs.

L'eau du robinet, plus économique et écologique

Si l'eau en bouteille comme celle du robinet sont extrêmement surveillées, "il est aujourd’hui difficile de garantir une eau exempte de toute pollution", écrit l'UFC-Que Choisir. Alors quelle eau vaut-il mieux consommer ? La question écologique peut permettre de trancher : l'eau du robinet a des conséquences environnementales bien moindres, comparées aux eaux en bouteille, qui produisent des déchets plastiques et nécessitent un transport polluant. Aussi, l'eau du robinet est bien moins chère, à "à 0,003 € le litre en moyenne, soit même pas 2 euros par an pour une consommation de 1,5 litre d’eau du robinet par jour", selon l'UFC-Que Choisir. À titre de comparaison, le prix de l'eau en bouteille est en moyenne de 0,40 centime le litre. Ce qui n'empêche pas 51% des Français de consommer quotidiennement de l'eau en bouteille, selon les chiffres du Centre d'information sur l'eau.