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Pourquoi l'appel d'un militant écologiste à boycotter le comté cache une bataille bien plus rude avec la filière fromagère

Ugo Pascolo . 3 min
Pourquoi l'appel d'un militant écologiste à boycotter le comté cache une bataille bien plus rude ?
Pourquoi l'appel d'un militant écologiste à boycotter le comté cache une bataille bien plus rude ? © Thibaud MORITZ / AFP

Fin avril sur France Inter, le militant écologiste Pierre Rigaux, a lancé un appel à cesser de manger du comté pour des raisons environnementales et animalistes. Outre les réactions mi-amusés sur les réseaux sociaux, cette idée ne doit rien au hasard et cache une bataille bien réelle entre la filière fromagère, les militants du parti animalistes et de l'association L214.

Une proposition qui fait grincer plus d'une dent. Pierre Rigaux, un activiste animaliste, a fait une proposition surprenante en appelant à arrêter de manger... du comté. "Si le comté est mauvais écologiquement, si c'est mauvais pour les animaux, terrible même pour les animaux […], il faut donc arrêter d’en manger", a-t-il déclaré fin avril au micro de France Inter, dans l'émission La Lutte Enchantée

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Pollution et maltraitance animale

Selon celui qui s'autoproclame comme "naturaliste" et "écologue", manger ce fromage AOC et AOP qui figure parmi les plus populaires en France rendrait les gourmands complices d'une dégradation de l'environnement et de maltraitance animale. Pour étayer ses dires, Pierre Rigaux pointe que les déjections des vaches pollueraient les sols et autres cours d'eau locaux, mais aussi que ces animaux finissent à l'abattoir, détaille Le Figaro. D'où l'appel du militant à cesser complètement de se laisser séduire par une tranche (ou deux) de ce fromage à pâte dure. 

Mais s'en prendre à un monument de la gastronomie tricolore tel le comté dans un pays comme la France, qui produit rien de moins que 246 variétés de fromages, n'est pas sans conséquence.

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Sur X, le hashtag #TouchePasAuComte a vu le jour, et de nombreux internautes postent des images de morceaux de comté sur des assiettes ou dans des morceaux de pain. En tranches, râpé, en fondue, ou tout simplement dans une recette, les internautes se font entendre avec parfois un brin d'humour. 

Une tendance qui est remontée jusqu'au préfet du Jura, Pierre-Édouard Colliex, qui y et allé lui-aussi de son tweet. 

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"Le comté, c’est du Jura, du goût, du calcium, des protéines… et zéro culpabilité. Un savoir-faire, des éleveurs engagés, une filière exemplaire. L’interdire ? Autant interdire les couchers de soleil sur le Jura. Restons sérieux!", peut-on lire sur le compte officiel du préfet. 

Bien plus qu'un appel en l'air

Mais derrière cet appel se cache une bataille bien réelle, puisque, comme le précise cnews.fr, la filière fromagère est pointée du doigt depuis des années par les écologistes et animalistes, accusée de mettre à mal la biodiversité et de maltraitance envers les animaux. Une position soutenue d'ailleurs par le parti animaliste qui dénonce "la violence institutionnelle contre les animaux à l’origine d’injustices et de désastres sociaux et environnementaux", rappelle le JDD, mais aussi par l'association L214. Association qui s'est fixée pour objectif "d'abolir totalement l'élevage".

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Le Figaro dénonce de son côté "un microcosme bien organisé" entre autres financé par la fondation américaine Open Philanthropy, qui subventionne des laboratoires produisant des aliments transformés à base végétale destinés à se substituer à la viande.

En tout cas, sur le site de l'association L214, il est possible de trouver un article intitulé "L214 de nouveau soutenue par l'Open Philanthropy" qui détaille notamment : "En 2017, l’Open Philanthropy a attribué un don de 1,14 million d’euros à L214 qui a été réparti sur 2018 (495 k€), 2019 (430 k€) et 2020 (215 k€), pour sa campagne visant à mettre fin aux pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets, ses actions pour accompagner le développement d’alternatives végétales dans les restaurants universitaires, ainsi que pour la consolidation de l’association. Fin 2020, l’Open Philanthropy a renouvelé son soutien par un don de 1,4 million d’euros à répartir sur 2021 et 2022 pour ses actions en faveur des poulets de chair, pour ses enquêtes et pour la consolidation de l’association."

Finalement, le comté semble ici apparaître comme le symbole d'une lutte qui s'étend bien au-delà des frontières du massif du Jura.