Déserts médicaux : le gouvernement propose de prolonger l'internat en médecine d'un an

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Arthur Delaborde et Louise Douillet, édité par Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Pour lutter contre les zones dépourvues en médecin appelées déserts médicaux, le gouvernement veut proposer d'allonger l'internat en médecine d'un an afin d'inciter les étudiants à le passer dans ces zones blanches. Une idée qui fait douter le Parlement, mais qui est déjà dénoncée par les syndicats.

L’exécutif veut repeupler les campagnes en médecins et pour cela, une mesure va être intégrée dans le budget de la Sécurité sociale pour 2023 qui sera présenté lundi en conseil des ministres. L’internat des étudiants en médecine générale va être prolongé d’un an pour les envoyer dans les déserts médicaux.

Repeupler la France rurale de médecins

Emmanuel Macron tenait à cette réforme promise pendant sa campagne. Les étudiants en médecine générale auront donc une quatrième année d’internat au lieu de trois, ce qui fera pour eux dix ans d’études au total. Et lors de cette année supplémentaire, ils exerceront en dehors de l’hôpital, en ambulatoire, sous la responsabilité d’un maitre de stage. L’idée c’est de les inciter à effectuer cette quatrième année d’internat dans les zones dépourvues en médecin, par exemple en leur proposant un logement sur place qu’ils pourront conserver s’ils souhaitent rester à l’issue de leur cursus.

Sur la forme, cette mesure sera intégrée au budget de la Sécurité sociale. Certains députés se demandent si le Conseil constitutionnel donnera son feu vert : les Sages ont en effet l’habitude de censurer les cavaliers sociaux, c’est-à-dire des dispositions sans impacts budgétaires et insérer à tort dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Une mauvaise méthode pour les syndicats étudiants

Certains syndicats d'étudiants en médecine dénoncent quant à eux une injustice. Pour le docteur Élise Ferey, présidente du syndicat de jeunes médecins Réagir, ce n'est pas la bonne méthode pour pousser les jeunes internes à s'installer en libéral dans les déserts médicaux. "Si l''interne est seul dans un territoire qui est plutôt mal doté en médecins, qu'on lui promet peut être une supervision par un maître de stage, mais qu'il n'a peut être d'ailleurs lui-même pas d'expérience ou qui est débordé, vous pouvez mettre toutes les aides incitatives, l'interne n'aura pas envie d'y aller."

Il y a plus urgent selon elle, alors même que certains internes se retrouvent en difficulté dès lors qu'il s'agit de simplement trouver un médecin pour encadrer leur stage. "Avant de penser à une quatrième année, il faudrait déjà consolider les trois premières", dit-elle d'un rire jaune. Pour Élise Ferey, il faut "garantir aux gens de pouvoir faire beaucoup de stages en milieu ambulatoire, donc non hospitaliers, pour qu'ils soient familiers avec ça" mais aussi "augmenter les formations à la gestion d'un cabinet". 

On l'oublie souvent mais derrière la consultation, le médecin doit effectivement gérer l'administratif. Et à ce sujet, le docteur Élise Ferey réclame la création de guichet unique à l'échelle des départements.