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Yasmina Kattou, édité par Solène Leroux
L'Assemblée nationale a voté dans la nuit la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé. Les revenus du conjoint ne seront plus pris en compte dans le calcul de la prestation sociale. Élisabeth Borne l'avait annoncé lors de son discours de politique générale début juillet. Cette réforme va changer la vie de milliers de Français.

"Un moment historique", selon Olivier Dussopt, le ministre du Travail. L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de mercredi à jeudi, à la quasi-unanimité, la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé, l'AAH. Ce qui signifie que les revenus du conjoint ne seront plus pris en compte dans le calcul de la prestation sociale. Élisabeth Borne l'avait annoncé lors de son discours de politique générale début juillet. Une réforme qui va changer la vie de milliers de Français, comme celle de Stéphanie, 46 ans, qui souffre d'une maladie rare depuis l'âge de 27 ans : ses muscles lui font défaut. Pour tous ses mouvements, elle dépend de son fauteuil électrique. Pour toutes ses dépenses, elle dépend de son mari.

Stéphanie ne perçoit pas l'allocation aux adultes handicapés, car son conjoint touche plus de 2.270 euros net. "On fait attention à tout", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "On est obligé de demander à son époux : 'Est-ce que je peux m'acheter ça ? Est-ce que je peux aller chez le coiffeur ?' Il a tout sur ses épaules", déplore Stéphanie. "On a l'impression d'être une adolescente qui demande son argent de poche. C'est un peu humiliant."

270.000 personnes concernées

Comme Stéphanie, 270.000 personnes en couple sont concernées par cette nouvelle méthode de calcul. Mais selon les autorités, 44.000 bénéficiaires seraient perdants. Pour éviter cela, Pascale Ribes, présidente de l'APF France handicap, propose de laisser le choix. "C'est ce qu'on appelle le droit d'option", détaille-t-elle. "Les allocataires concernés pourraient conserver le système actuel pendant dix ans." Ensuite, "ils auraient un calcul fait par la CAF qui leur permettrait de faire ce choix". Ainsi, "il n'y aurait aucun perdant", assure la présidente.

Les associations espèrent une mise en place au 1er janvier 2023. Le gouvernement parle plutôt d'une application en octobre.