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Tatiana Geiselmann et Manon Fossat
Les restrictions liées au Covid-19 s'allègent lundi dans les lieux publics soumis au pass vaccinal. C'est notamment le cas dans les cinémas, où le masque ne sera plus obligatoire. À Strasbourg, si les gérants de ces établissements se réjouissent de cet assouplissement, d'autres estiment que cette décision est prématurée et purement politique.

À compter de lundi, les règles en matière de Covid-19 s'assouplissent dans les lieux publics, comme les bars, théâtres et cinémas. Si le pass vaccinal reste obligatoire, le masque, lui, ne le sera plus. À Strasbourg, gérants et clients des salles obscures se préparent à cet allègement des restrictions. Les spectateurs sont impatients de faire tomber le masque durant la projection.

Plus de masque obligatoire dans les cinémas

Pour l'instant, lorsque l'on arrive devant les portes du cinéma Star, on est accueilli par deux affichettes format A4 : "Port du masque obligatoire pendant toute la durée des séances". Elles ont été placardées en novembre dernier, suite aux instructions gouvernementales. Mais d'ici quelques heures, Clément, le caissier, va pouvoir les retirer. "On en a devant toutes les salles et il y a aussi les messages diffusés avant les films que l'on doit enlever", explique le jeune homme.

Selon lui, "bon nombre de spectateurs attendent avec impatience qu'on puisse enlever les masques". C'est le cas de Jocelin, 19 ans. Comme six Français sur dix, il n'était pas retourné au cinéma depuis le début de la pandémie, car il supporte assez mal le port du masque. "Rester deux heures avec un masque, dans une salle où il fait souvent super chaud, c'est un peu compliqué", soupire le Strasbourgeois, qui compte retourner un peu plus souvent voir des films avec la levée des restrictions.

Les ventes de tickets en baisse de 25%

Cela serait en tout cas une bonne chose pour les salles de cinéma, car elles enregistrent en moyenne une baisse de 25% de la fréquentation, par rapport à l'avant crise sanitaire. Mais Julie, chargée de caisse du deuxième cinéma Star de Strasbourg, n'y croit pas trop. "Je pense que ça va se faire sur la longueur, parce qu'il y a quand même pas mal de gens qui ont changé d'habitudes", détaille-t-elle, "ça va être un travail de long terme". Si on se fie au sondage Harris Interactive dévoilé en octobre dernier, les perspectives ne sont en effet pas très rassurantes, puisqu'un tiers des Français estiment qu'ils iront désormais moins souvent au cinéma qu'avant la pandémie. 

"Une décision politique"

Invitée sur Europe Midi Week-End, Dominique Costagliola, épidémiologiste et membre de l’Académie des sciences, a estimé qu'il est trop tôt pour cette levée du port du masque au cinéma. "Dans une salle où il y a 50 personnes, la probabilité que sur ces 50 personnes il y en ait au moins une positive est de 40%. Sur 100 personnes, ce serait 64%", a-t-elle détaillé. Selon elle, si l'incidence était à moins de 50, la mesure serait "acceptable". "C'est encore trop tôt. La levée du port du masque devrait être basée sur l'incidence et non pas sur si le lieu est soumis ou non au pass vaccinal parce que ça ne protège pas complètement d'une infection."

Pour l'épidémiologiste, cette décision est avant tout politique. "On a bien vu sa conjonction calendaire avec l'élection présidentielle [...] Au fond le message que l'on envoie aux personnes vulnérables c'est 'auto isolez-vous parce que nous on ne va plus prendre de mesures pour vous protéger. Et ça ne me paraît pas être une bonne mesure de santé publique."