Coronavirus dans des abattoirs : y a-t-il un risque à manger de la viande ?

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Jimmy Mohamed, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Alors que des foyers de contamination apparaissent dans les abattoirs dans de nombreux pays, dont deux en France ces derniers jours, y a-t-il un risque à consommer de la viande issue de ces établissements ? Non, rassure ce lundi au micro d'Europe 1 le docteur Jimmy Mohamed.

Côtes-d'Armor, Loiret... Ces derniers jours, deux nouveaux clusters de coronavirus ont été identifiés dans des abattoirs français. Des foyers qui apparaissent quelques jours seulement après lé début du déconfinement et qui soulèvent plusieurs questions, dont celle d'une éventuelle dangerosité à consommer la viande issue de ces établissements. "Même si l'on ne connaît pas encore l'origine de la contamination dans ces abattoirs, il n'y a pas de risque lié à la viande", assure au micro d'Europe 1 Jimmy Mohamed, médecin et chroniqueur. 

Plusieurs études ont en effet conclu à ce que les animaux d'élevage ne sont pas réceptifs à la maladie. Quant aux fameuses gouttelettes que pourraient déposer les salariés sur la viande morte, leur charge virale ne dure que quelques heures si elles ne se posent pas sur un organisme vivant. La viande est en outre passée à la moulinette de différents contrôles et n'est donc pas plus dangereuse que n'importe quel autre produit de consommation.

En cas de doutes, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement (Anses) recommande de cuire la viande, plusieurs minutes, à 60 degrés, afin d'éviter tous les risques.

Une problématique que l'on retrouve dans de nombreux pays

Fin avril, les Centres de lutte et de prévention des maladies (CDC) américains estimaient à près de 5.000 le nombre d'employés d'usines de traitement de viande et de volaille positifs au Covid-19. En Allemagne, plus de 90 cas ont été découverts ces derniers jours dans un abattoir de Basse-Saxe, après plusieurs centaines d'autres dans plusieurs régions depuis avril. 

"Cela pose donc la question du dépistage des travailleurs" de cette industrie qui ne s'est jamais arrêtée pendant la crise du coronavirus, avance Jimmy Mohamed. "Peut-être faut-il y mettre en place un dépistage hebdomadaire ? Mais seul l'avenir nous le dira."

"L'épidémie n'est clairement pas terminée"

Face à ces inconnues, le médecin préfère se concentrer sur les faits et "tirer quelques enseignements" de la situation. Le premier d'entre eux est que "l'épidémie n'est clairement pas terminée". Mais c'est aussi la preuve que le "Covid-19 se développe plus facilement lorsqu'il y a de la proximité dans un lieu clos, avec de nombreuses personnes dans une même pièce, et parfois un système de ventilation peu efficace". Et de rappeler que la situation est encore pire si ces personnes "mangent, parlent, ou chantent".

Vers un renforcement des mesures de protection ? 

Appelant la vigilance, Jimmy Mohamed pointe en outre que ces nouveaux foyers de contamination français "surviennent dans les zones vertes" de la carte de déconfinement mise en place par le gouvernement. C'est-à-dire là où le virus circule le moins. Ce qui fait dire au médecin qu'il "faudrait peut-être renforcer les mesures de distanciation physique, et surtout porter un masque dans tous les lieux clos."