Kiné Covid Coronavirus 4:16
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Jimmy Mohamed
De nombreux patients victimes du coronavirus se voient prescrire, après leur hospitalisation, des séances de réhabilitation respiratoire, notamment chez le kiné. Loin d'être anodine, cette phase de la rééducation consiste à habituer de nouveau son corps à l'effort, comme l'explique le docteur Jimmy Mohamed dans l'émission "Sans Rendez-vous" sur Europe 1.
DÉCRYPTAGE

La mère de Mylène, auditrice d'Europe 1, a récemment eu le coronavirus et a été hospitalisée quelques jours. Le médecin de cette personne "assez âgée", aujourd'hui tirée d'affaire, lui a prescrit des séances de réhabilitation respiratoire chez le kinésithérapeute. Dans l'émission "Sans Rendez-vous", mardi après-midi, avec Mélanie Gomez, le docteur Jimmy Mohamed répond aux questions de Mylène sur ces séances particulières, nécessaires pour permettre à chaque patient qui sort d'une infection respiratoire sévère de s'habituer de nouveau à l'effort.

À quoi sert la réhabilitation respiratoire ?

"La réhabilitation respiratoire consiste à reprendre une fonction respiratoire normale. C'est de la réadaptation à l'effort. Quand une personne a une pathologie comme le Covid, elle va être victime d'une atteinte pulmonaire et va être immobilisée pendant un certain temps. Elle va donc se déconditionner. Une fois qu'on aura guéri son poumon, elle n'aura plus d'inflammation ni de fièvre, mais aura une très mauvaise tolérance à l'effort puisqu'elle sera restée allongée un certain temps. Dès lors, l'effort sera plus difficile et comme l'effort sera difficile, elle va retourner s'allonger. C'est un cercle vicieux qui s'installe et qui nécessite un ré-entraînement. C'est comme si on faisait un décrassage, en quelque sorte."

Quand est prescrite cette réhabilitation ?

"La réhabilitation est normalement prescrite dans toute pathologie respiratoire pour laquelle il y a un handicap. Celle qui est le plus fréquemment utilisée, c'est la bronchite chronique (BPCO). On peut aussi en prescrire après un infarctus : il y aura une partie du cœur qui va se nécroser et il va falloir faire une réadaptation cardiaque. Après un arrêt cardiaque, des patients sont envoyés en centre de réadaptation. On fait un ré-entraînement à l'effort avec de la musculation, de la gymnastique médicale…

Il y a une prise en charge avec un volet très important sur l'éducation thérapeutique. Des consultations chez un nutritionniste peuvent aussi être prescrites. On essaie de procéder au sevrage du tabac. C'est une prise en charge globale pour aider le patient à aller mieux et le sevrer un petit peu en médicaments."

En quoi consistent ces exercices ?

"Dans un premier temps, ce sont des exercices de ré-entraînement à la marche. Ça paraît tout bête, mais quand on est âgé et qu'on a eu le Covid ou une autre infection respiratoire sévère, le moindre effort devient difficile. On a même du mal à aller aux toilettes et on a des troubles de l'équilibre puisqu'on se sent plus faible. On a eu souvent une amyotrophie, avec une perte de masse musculaire au niveau des cuisses. Tout ça va devoir être ré-entraîné à l'effort. Un peu comme pour un sportif de haut niveau qui ne ferait plus rien pendant 40 ans. Tout d'un coup, il lui serait difficile de se remettre à courir. C'est ce qui se passe lors d'une bronchite chronique ou du Covid : on remet les compteurs à zéro et il faut essayer de repartir du bon pied."

Où se fait cette réhabilitation ?

"Il y a plusieurs façons de faire de la réadaptation respiratoire. Cela peut se faire à l'hôpital, dans le cadre de l'hospitalisation. La première réhabilitation, c'est la marche, donc la levée du lit avec un peu de marche. On peut le faire à l'hôpital de jour ou avec un kinésithérapeute, qui va essayer de ré-entraîner le patient à l'effort. En général, c'est le médecin traitant qui prescrit ces séances quand la personne n'est pas hospitalisée, mais souvent on lui indique d'aller spécifiquement dans un centre, en particulier pour des pathologies plus sévères."

Combien de temps dure-t-elle ?

"En moyenne, on peut faire 12 séances. Ça peut aller jusqu'à 20 séances sur une période de six à douze semaines. Une fois que le patient est rentré à la maison, il est important pour lui de maintenir ses efforts et on lui recommande trois à cinq fois par semaine de faire une activité de 30 à 45 minutes. Finalement, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Si la personne qui a été hospitalisée reste à la maison, elle va se déconditionner. C'est un travail de longue haleine. Il s'agit simplement de se remettre un peu le pied à l'étrier."