Comment l’immunothérapie a révolutionné le traitement du mélanome

Une dermatologue ausculte une patiente.
Une dermatologue ausculte une patiente. © FRED TANNEAU / AFP
  • Copié
Le traitement du mélanome, le plus grave des cancers de la peau, s’est nettement amélioré grâce à l’immunothérapie. La professeure Caroline Robert a expliqué ces progrès fulgurants dans l’émission "Sans Rendez-Vous".

Le mélanome, le plus grave des cancers de la peau, cause chaque année environ 2.000 décès en France. Pendant de longues années, le taux de survie des patients a été très faible. Mais depuis l’apparition de l’immunothérapie, au début des années 2010, son traitement s’est spectaculairement amélioré. La professeure Caroline Robert, qui dirige le service de dermatologie à l’hôpital Gustave Roussy de Villejuif, près de Paris, a évoqué ces progrès dans l’émission "Sans rendez-vous", sur Europe 1, lundi.

Le danger de l’exposition au soleil

Le mélanome est un cancer causé, dans de nombreux cas, à cause d’une trop forte exposition au soleil. "Il se développe à partir des mélanocytes, les cellules qui font le pigment de la peau. Ils sont répartis de façon homogène à la surface de la peau, ou alors groupés, les grains de beauté. Le mélanome peut se développer à partir d’un grain de beauté ou sur la peau normale, à cause d’un mélanocyte invisible. Ce qui doit alerter, c’est quand ça change de couleur ou de forme", explique la professeure Robert.

Le mélanome touche "à peu près autant d’hommes que de femmes touchés, plus autour de 50 ans, mais il est assez rare chez les jeunes", constate la dermatologue.

Un traitement qui stimule le système immunitaire

Dans les cas les plus graves, le mélanome était pratiquement impossible à soigner avant l’apparition de l’immunothérapie. "Avant 2011, le diagnostic d’un mélanome métastatique (environ 15-20% des mélanomes) était catastrophique. La durée de survie était en moyenne de moins d’un an. La révolution est venue de l’immunothérapie et des thérapies ciblées pour certains cas", assure Caroline Robert.

"Avec l’immunothérapie, c’est assez formidable : on donne un traitement qui stimule le système immunitaire, par voie intraveineuse avec des injections soit tous les 15 jours ou tous les mois. Ça stimule les lymphocytes, qui vont aller détruire le cancer. La durée de traitement n’est pas encore standardisée, ça dépend des patients", explique-t-elle.

Des effets secondaires qui peuvent être graves

L’immunothérapie peut toutefois entraîner de graves effets secondaires. "Ce n’est pas du tout pareil que la chimiothérapie. On ne perd pas ses cheveux, sauf cas exceptionnels. Ça fait des effets secondaires qui ressemblent à des maladies auto-immunes, ça peut faire une hépatite ou une colite", met en garde Caroline Robert.

"Les effets secondaires n’arrivent pas tout de suite, plutôt quelques mois plus tard. Ça peut être sérieux, parfois on est obligé d’arrêter le traitement. Il y a des effets graves très rares. Dans 10% des cas environ, la glande thyroïde ne marche plus, les gens sont donc obligés de prendre des hormones thyroïdiennes toute leur vie. Il faut passer beaucoup de temps à expliquer les effets secondaires aux patients, et leur dire qu’ils doivent vite nous contacter en cas d’effets secondaires."

Une spectaculaire augmentation du taux de survie

Les résultats du traitement par immunothérapie sont en tout cas spectaculaires. "Il y a des diminutions des tailles de métastases dans 40% des cas. Dans les meilleurs des cas, tout disparaît (pour 20% des patients). Avec un recul de 6 ans, on a arrêté le traitement chez certaines personnes qui n’ont pas récidivé. Mais on reste très prudents, on les surveille", prévient le professeur.

"Aujourd’hui, à cinq ans, on a 52% des patients qui sont vivants. On est passés de 25% de survie à un an à 50% ans de survie à cinq ans. Mais 48% des patients sont décédés, c’est pour eux qu’il faut continuer à se battre. Les gens pensent que le mélanome c’est aujourd’hui réglé, mais ce n’est pas le cas."