THOMAS LOHNES / AFP 5:21
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Guilhem Dedoyard , modifié à
Dominique Le Guludec, présidente de la Haute autorité de la santé, explique sur Europe 1 les raisons du ralentissement observable de la campagne vaccinale. Elle appelle à plus de persuasion et de communications pour éviter une stagnation qui pourrait se traduire par une résurgence de l'épidémie.
INTERVIEW

Comment éviter que la vaccination stagne ? L'OMS a mis en garde l'Europe contre le niveau insuffisant de vaccination. "La couverture vaccinale est loin d'être suffisante pour protéger la région d'une résurgence", avait déclaré son directeur jeudi. Un problème qui pourrait devenir sérieux alors que la campagne vaccinale ralentit. La France a bien des doses en stock, mais une partie de la population rechigne encore. Sur Europe 1 Dominique Le Guludec, la présidente de la Haute autorité de santé, analyse les dynamiques en jeu et évoque les raisons qui doivent motiver les citoyens.

Des populations "moins appétentes à la vaccination"

"Nous avons vacciné une grande proportion des personnes fragiles qui se sentaient vulnérables, qui faisaient des formes sévères. Maintenant la vaccination s'adresse à des plus jeunes qui se sentent moins menacés et donc, évidemment, ils sont moins appétents à la vaccination", estime-t-elle. Pourtant, "il y a également eu des jeunes hospitalisés, en réanimation, ce n'est pas anecdotique". Elle ajoute : "Il faut vacciner tout le monde parce que cette pandémie n'est pas derrière nous."

"L'automne c'est demain"

S'il semble effectivement y avoir une "trêve estivale" et des chiffres en amélioration, celle-ci pourrait n'être que temporaire. "Si nous voulons garder cette trêve à la rentrée, si nous ne voulons pas avoir à prendre à nouveau des mesures coercitives de distanciation sociale, il faut que nous atteignons un taux de vaccination bien plus haut." L'immunité globale serait en effet atteinte autour de 80 à 90 % de la population vaccinée. 

L'arrivée des beaux jours peut être également un facteur de désincitation à la vaccination. Mais ceux qui s'inquiètent pour leurs vacances doivent se souvenir qu'il y "a une certaine latitude pour la deuxième dose", rappelle la présidente de la Haute autorité de santé. Sans compter, qu'"il faut quand mettre trois semaines pour avoir une protection", rappelle-t-elle.

La menace des variants

La vaccination est d'autant plus urgente que le variant dit "indien" menace. Il est présent au Royaume-Uni et son arrivée en France pourrait entrainer un pic, estime-t-elle. "Si nous voulons l'éviter, il faut persuader, persuader, persuader", martèle-t-elle.

Dernier élément qui doit être pris en compte, l'immunité doit être homogène. "Il ne faut pas qu'il y ait des poches de circulation, que ce soit en territoire ou que ce soit en âge". La présidente de la Haute autorité de santé compte encore sur la persuasion pour encourager la vaccination des soignants, stagnant à 50 %, plutôt que d'essayer d'imposer cette dernière.