«Cela maintient notre cerveau actif» : pourquoi regarder les écrans tard le soir est mauvais pour notre sommeil

Regarder les écrans jusque tard le soir nuit à la qualité de notre sommeil.
Regarder les écrans jusque tard le soir nuit à la qualité de notre sommeil. © LAURENT PERPIGNA IBAN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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Romain Rouillard / Crédits photo : LAURENT PERPIGNA IBAN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Les écrans qui nous entourent ne font pas bon ménage avec le sommeil, dont on célèbre, ce vendredi 15 mars, la journée internationale. L'exposition à la lumière bleue des écrans ne pose pas de réels problèmes dans la journée, mais peut retarder l'endormissement lorsqu'elle se prolonge jusque tard le soir. 

Les Français dorment de moins en moins. Selon les dernières données de l'INSV, l'Institut national du Sommeil et de la Vigilance, nos nuits durent en moyenne 6 heures 45 en semaine, soit 15 minutes de moins que l'année dernière. En 2020, 28% des Français dormaient même moins de 6 heures par nuit

Un déficit dont les écrans ne sauraient être totalement étrangers. Leur omniprésence dans notre vie quotidienne porte préjudice à notre sommeil, dont on célèbre, ce vendredi, la journée internationale. Regarder un film ou une série jusque tard le soir "maintient notre cerveau actif", explique Armelle Rancillac, chercheure en neurosciences à l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale). Cette sollicitation intellectuelle, qui intervient à l'heure où cette activité est censée diminuer, retarde inévitablement l'endormissement. 

Les adolescents en subissent davantage les conséquences

"L'autre facteur, ça va être la luminosité de l'écran qui, en général, renvoie beaucoup de lumière bleue. Or la longueur d'onde bleue inhibe, au niveau du cerveau, la synthèse de mélatonine qui favorise l'endormissement", précise la chercheuse. Un phénomène encore plus marqué chez les adolescents. "Les ados sont un peu décalés par rapport à nous, leur horloge interne est plus longue et ils mettent naturellement plus de temps à s'endormir. Donc si on vient rajouter des écrans sur leur mélatonine qui est déjà retardée, on rajoute une difficulté", fait remarquer Armelle Rancillac qui préconise de "placer un filtre pour la lumière bleue afin de contrecarrer ses effets délétères". 

Pourtant, il n'est pas rare de piquer du nez, voir de s'assoupir, le soir, devant la télévision ou même sur son smartphone. "Ce genre de situation arrive lorsque vous êtes face à un contenu qui sera plus passif. Du coup, vous vous laissez bercer, c'est un peu comme une histoire, une comptine", note Armelle Rancillac. Mais là encore, la qualité du sommeil en pâtit. "Vous vous réveillerez, vous ne serez pas dans votre lit. Et il suffit que vous alliez vous brosser les dents pour vous réveiller et avoir, ensuite, beaucoup plus de mal à vous endormir".

Un "couvre-feu digital"

Regarder la télé dans son lit, avant de s'endormir, est ainsi peu recommandé. "Si la télé ne s'éteint pas toute seule en mode automatique, le son risque de vous réveiller, ce qui vous maintiendra dans un sommeil léger et retardera l'endormissement profond, même si on a l'impression de dormir", explique Armelle Rancillac. Par ailleurs, ajoute-t-elle, il est recommandé de dormir "dans le noir le plus complet" afin de préserver la qualité du sommeil.  

Et quid des écrans durant la journée ? Travailler derrière un ordinateur tous les jours, pendant plusieurs heures d'affilée, peut-il, à force, nuire à notre sommeil ? "Normalement, ça ne doit pas avoir d'impact", rassure la chercheuse. À condition néanmoins de concilier ce temps passé devant les écrans avec une activité physique régulière, indispensable pour garantir un sommeil de qualité. Pour augmenter ses chances de bien dormir, la plupart des experts suggèrent enfin d'instaurer un "couvre-feu digital". Une technique consistant à mettre les écrans de côté environ une heure avant d'aller au lit et de les remplacer par de la lecture ou de la musique.