Cannabis thérapeutique 1:01
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Anne Le Gall avec AFP, édité par Manon Bernard , modifié à
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a indiqué jeudi que les expérimentations concernant la prise de cannabis thérapeutique en France commenceront "dans quelques jours". Une opération largement encadrée par des personnels de santé formés et limitée à certains patients. 

C'est une première en France. Le cannabis va être testé pour ses vertus médicales sur des malades. L'Assemblée nationale avait donné son feu vert en 2019 pour une expérimentation grandeur nature sur 3.000 patients d'une durée de deux ans. Les premières consultations pour inclure des patients à cette opération, repoussées de six mois en raison de la pandémie de Covid-19, commenceront "dans quelques jours", selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). 

Une expérimentation réservée à certains patients

Les patients éligibles souffrent de douleurs qui ne sont pas soulagées par d'autres médicaments. Cela concerne notamment des personnes atteintes de sclérose en plaques, d'épilepsie sévère ou de certains cancers. Le cannabis thérapeutique sera également utilisé en soins palliatifs. La prise se fera sous forme d'huile ou de fleurs séchées consommées par inhalation. Les teneurs en THC et CBD, les deux substances psychoactives du cannabis, ont été soigneusement testées en amont.

La première consultation se fera obligatoirement dans l'un des 200 centres de référence, dont la liste n'a pas encore été rendue publique, avec des patients soit déjà suivis dans ces services hospitaliers spécialisés, soit adressés par leur médecin traitant. Par la suite, l'ordonnance, de 28 jours maximum, pourra être renouvelée par un médecin généraliste, formé et volontaire pour participer au projet. Les patients bénéficieront également de cinq "consultations longues", destinées au "recueil d'éléments médicaux plus poussés" sur la tolérance et l'efficacité des médicaments. 

Des professionnels de santé spécialement formés

La sécurité des patients et la qualité des produits sont prioritaires. Six binômes de fournisseurs exploitants, sélectionnés en janvier, vont distribuer ces médicaments à base de cannabis dans les différentes pharmacies internes aux structures de référence "dans un premier temps". De plus, "un registre pour le suivi des patients est en train d'être mis en place", précise Nathalie Richard, directrice du projet à l'ANSM.

Les médecins et les pharmaciens qui seront amenés à délivrer ce cannabis thérapeutique ont déjà commencé une formation "de deux heures et demi, à distance, avec validation obligatoire", selon la directrice générale de l'ANSM, Christelle Ratignier-Carbonneil. Le cannabis médical "est quelque chose de nouveau, il est nécessaire de s'approprier les conditions d'utilisation de ce nouveau médicament pour s'assurer que tout se passe dans les meilleures conditions", souligne-t-elle. Elle insiste sur le caractère "encadré et sécurisé" de cette expérimentation inédite d'un produit stupéfiant par ailleurs illégal en France.

Le cannabis à usage médical est autorisé dans une trentaine de pays au monde. En Europe, les Pays-Bas en ont été les pionniers dès 2003, suivis depuis par 22 pays sur 27.