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L'essayiste d'extrême droite Éric Zemmour s'est lancé dimanche, dans "Le Grand Rendez-vous" d'Europe 1, dans une diatribe contre les lois mémorielles, ainsi que la loi Pléven, qui tendent à réprimer les injures racistes et les actes racistes, antisémites ou xénophobes.
INTERVIEW

C'est ce qu'on appelle la cohérence. Éric Zemmour, en tournée de promotion pour son livre autopublié La France n'a pas dit son dernier mot, a expliqué dans "Le Grand Rendez-vous" d'Europe 1, CNews et Les Echos qu'il "serait favorable à abolir les lois mémorielles". Parmi celles-ci, celui qui a été condamné pour provocation à la haine raciale a notamment cité les lois Pléven et Gayssot, qui visent à lutter contre les injures et actes racistes, antisémites ou xénophobes, avant de s'aventurer sur un terrain très glissant en martelant que la France n'était pas responsable de la déportation des Juifs sur son sol pendant la Seconde Guerre mondiale.

"Etre Français, c'est tout assumer"

Interrogé sur la "repentance" du gouvernement français pour certaines heures sombres de son Histoire, Éric Zemmour s'est immédiatement insurgé. "Je pense effectivement qu’être Français, c’est tout assumer. L’Histoire de France il faut tout assumer", a-t-il martelé. Par voie de conséquence, l'essayiste d'extrême droite est "hostile aux lois mémorielles". "Je remarque que la plupart des historiens français ont protesté contre ces lois mémorielles qui empêchent la liberté de recherche historique", a-t-il expliqué sans en citer un seul. "Je serais favorable à les abolir."

Éric Zemmour cite notamment la première d'entre elles, la loi Gayssot, de 1990, qui vise à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe en stipulant que "toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite". Mais le polémiste, qui laisse planer le doute quant à une éventuelle candidature à la présidentielle l'an prochain, a aussi dans le viseur la loi Pléven, jugée "liberticide", qui condamne l'incitation à la haine raciale. Le texte, donc, en vertu duquel Éric Zemmour a été lui-même condamné par deux fois.

"Vichy a protégé les Juifs français et donné les Juifs étrangers"

Cette volonté de "tout assumer" de l'Histoire de France conduit par ailleurs l'écrivain à quelques arrangements avec l'Histoire elle-même, notamment celle de l'État français sous l'Occupation. Reprenant une vision "gaulliste", mais surtout à la limite du révisionnisme de cette époque, Éric Zemmour estime que la France n'a pas participé à la déportation des Juifs, notamment pas à la rafle du Vel-d'Hiv. "Si on est gaulliste, on ne considère pas que c'est la France qui a arrêté ces Juifs."

Qu'importe que ce soient des gendarmes et des policiers français qui aient, ces 16 et 17 juillet 1942, interpellé hommes, femmes et enfants juifs. "Ça ne vous a pas échappé que la France avait perdu la guerre et que nous étions obligés de fournir la police française", a poursuivi Eric Zemmour. Qui a également estimé que les lois antisémites prises par le régime de Vichy n'avaient pas "d'objectif exterminatoire". "Ce sont les Allemands qui ont introduit cette logique exterminatrice. Vichy a protégé les Juifs français et donné les Juifs étrangers. C'est facile de dire, 50 ans après, que la France est coupable. La France n'est pas coupable, c'est l'Allemagne qui est coupable."

La repentance, logique "cruelle et suicidaire"

Sans le "regretter" en effet, Éric Zemmour estime néanmoins que le discours de reconnaissance de la responsabilité française dans cette rafle du Vel-d'Hiv, donné par Jacques Chirac en juillet 1995 relève d'une "repentance [qui] nous fait beaucoup de mal, nous pousse à la culpabilité qui nous pousse à la quête d'expiation, quitte à détruire notre civilisation". "C'est ça la logique terrible, cruelle et suicidaire dans laquelle nous sommes. Il faut en finir avec ça, c'est criminel, on essaie de culpabiliser le peuple français en permanence pour qu'il se soumette à l'invasion migratoire et l'islamisation du pays." Ce qui permet au polémiste de retomber sur ses pattes et le cœur de sa pensée politique, à savoir la lutte contre l'immigration.