Jean-Pierre Chevènement 6:44
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Solène Leroux , modifié à
Lors de son grand rendez-vous Europe 1/CNews/Les Échos, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur lors de l'assassin du préfet Érignac, a évoqué son désarroi. "Je suis blessé de voir l'utilisation qui est faite de cette mort, évidemment regrettable."

Jean-Pierre Chevènement était ministre de l'Intérieur lors de l'assassinat du préfet Érignac par Yvan Colonna en 1998. Lors de son grand rendez-vous Europe 1/CNews/Les Échos, il a évoqué son désarroi. "Je respecte la douleur" de la famille du militant indépendantiste corse, "mais dans le même temps, je suis blessé de voir l'utilisation qui est faite de cette mort", par ailleurs "évidemment regrettable". "Je suis blessé parce que la République doit avoir une mémoire, et quelqu'un doit maintenir cette mémoire." Un rôle qui lui revient d'après lui.

Choqué de voir les assassins d'Érignac érigés en héros

"Je suis blessé de voir que l’on a oublié le sacrifice du préfet Érignac, qui était le représentant de tous, le représentant de la République, qui a été assassiné lâchement par un commando de six hommes. Qu'on transforme ces hommes en héros, en icônes, me choque profondément", a-t-il déclaré au micro de Sonia Mabrouk.

Et de rappeler qu'"au lendemain de l'assassinat de Claude Érignac, il y avait 100.000 personnes dans la rue à Ajaccio pour protester contre l'assassinat". Aujourd'hui, lorsqu'il voit "tout le ramassis de nationalistes et d'élus, presque de tous poils, rassemblés autour du cercueil d'Yvan Colonna", il se dit "qu'un peu d'eau a coulé sous les ponts".

"Concession à une minorité violente"

Concernant la réaction de l'État français aux manifestations suite à agression d'Yvan Colonna, Jean-Pierre Chevènement juge que le gouvernement a cédé à la rue en lançant le mot autonomie, et "c"est ce que semble penser une très large majorité de Français". En effet, selon un sondage Odoxa avec Backbone Consulting, pour Le Figaro, 73% des Français estiment que le gouvernement a cédé à la pression des nationalistes en Corse. "C'est au gouvernement de rectifier, de corriger."

"Je pense que c'est une concession faite à une minorité violente, qui exerce sur tous les Corses et sur tous les Français, une forme de chantage inadmissible au nom de la paix civile", a conclu l'ex-ministre.