Violences sexuelles dans le sport : "Ce qui sort dans les médias, c’est 20% de ce qu’on reçoit", assure Maracineanu

  • Copié
Ugo Pascolo , modifié à
Au sortir de la première Convention de prévention des violences sexuelles dans le sport, la ministre Roxana Maracineanu confie à Europe 1 que les témoignages sortis dans la presse ne représentent que "20%" des cas que reçoit le ministère des Sports. 
INTERVIEW

"Libérer la parole". Voilà le mot d'ordre de la ministre des Sports Roxana Maracineanu donné ce vendredi lors de la première Convention de prévention des violences sexuelles dans le sport, organisée à son initiative. Trois semaines après la publication du livre de la patineuse Sarah Abitbol, Un si long silence, point de départ d'une vague de révélations d'abus dans le sport français qui a notamment conduit à la démission du président de la fédération des sports de glace, Didier Gailhaguet.  

Les "témoignages ont ouvert des yeux et des oreilles"

Accompagnée du ministre de la protection de l'enfance Adrien Taquet, de la garde des Sceaux Nicole Belloubet, mais aussi de la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations Marlène Schiappa, Roxana Maracineanu estime que cette première convention a permis au monde du sport de regarder les choses en face, de vivre "un moment de catharsis". Les récents "témoignages ont ouvert des yeux et des oreilles", poursuit la ministre au micro d'Europe 1, qui insiste sur l'importance de la libération de la parole. 

"On a beau avoir tous les outils [au ministère], si on ne sait pas qu'il y a des cas, on ne pourra rien faire", rappelle-t-elle avant d'indiquer que les témoignages "qui sortent dans les médias, c'est 20% des cas signalés au ministère". Des cas qui sont "écoutés, traités par des enquêtes administratives et signalés à la Justice". 

Pour que les choses changent, la ministre estime qu'il est primordial que la parole "soit médiatisée", car elle donne du "courage aux victimes actuelles". Un phénomène qui pourrait réduire le laps de temps généralement long entre les faits et les témoignages. Par ailleurs, elle compte mettre rapidement sur pied un véritable plan de prévention pour que le monde du sport se rapproche de celui de "la protection de l'enfance, et de la lutte contre les violences faites aux femmes".

Un contrôle de "l'honorabilité des bénévoles" généralisé

Concrètement, Roxana Maracineanu souhaite une généralisation du "contrôle de l'honorabilité des bénévoles", une expérimentation déjà menée dans le secteur du football en région Centre-Val de Loire, en vérifiant les casiers judiciaires, notamment le Fijes, le fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes. Cette généralisation se fera par étapes : d'abord "le football et ses deux millions de licenciés, puis prioritairement aux sports collectifs, parce que c'est là qu'il y a le plus d'encadrants bénévoles", et enfin à l'ensemble des personnes concernées.

Une tache audacieuse qui ne se fera pas sans l'aide des différentes fédérations : même si c'est l'État qui prendra en charge les vérifications, "on va avoir besoin d'elles pour récolter les informations".