Les agressions de maire se multiplient. Photo d'illustration. 6:48
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Antoine Terrel
Samedi, sur Europe 1, le maire de Spay Jean-Yves Avignon a raconté l'agression qu'il a subie au mois de mai. Et déploré le manque de sévérité de la justice face aux récidivistes, ainsi que le trop faible pouvoir de police des maires. 
TÉMOIGNAGE

La montée de la violence contre les élus inquiète la classe politique. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur révélés cet été par le Journal du dimanche, 233 maires ou adjoints ont été agressés depuis le début de l'année. Parmi eux, Jean-Yves Avignon, le maire de Spay, une commune d'environ 3.000 habitants dans la Sarthe, frappé par plusieurs jeunes après avoir voulu faire respecter des mesures sanitaires anti-Covid. Au micro d'Europe 1, il revient sur cet incident, et déplore le manque de pouvoir de police des maires. 

Les faits se sont déroulés le 21 mai. Le maire de Spay était intervenu auprès d’un petit groupe se trouvant sur un site de baignade dont l’accès était interdit en raison des mesures sanitaires en cours. "Je me suis retrouvé face à une quinzaine de jeunes. Il me disent : 'Qui tu es ?' Je présente ma carte et ils me disent : 'C'est toi qui dégage'". Les choses s'enveniment alors. "Il y en a un qui me prend à partie, qui me tape sur l'épaule gauche", décrit encore Jean-Yves Avignon. "Je lui signale qu'il ne va pas me taper deux fois. Il recommence, je lui bloque l'épaule, et une autre personne me frappe la cuisse avec son pied." 

Ce deuxième agresseur a pu être identifié. Fin août, il a été condamné par le tribunal correctionnel à "10 mois d’emprisonnement dont 6 mois assorti d’un sursis probatoire, comprenant notamment l’obligation d’effectuer un Travail d’Intérêt Général (TIG) de 140 heures au profit de la collectivité", avait indiqué le parquet dans un communiqué. Un précédent sursis prononcé en 2018 est révoqué "à hauteur de 5 mois" et les "9 mois d’emprisonnement seront exécutés sous la forme d’un aménagement de peine sous bracelet électronique", précise le parquet.

"On a aucun pouvoir"

Pour Jean-Yves Avignon, "la justice n'est pas assez sévère devant des récidivistes". Mais que pense-t-il de l'annonce du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui a fait savoir mercredi que les insultes contre les maires seraient désormais considérées comme des outrages. "C'est une mesure qui me convient", réagit le maire de Spay, "mais il faut que derrière, les sanctions suivent". 

Estimant que 5% de personnes "refusent l'autorité publique", Jean-Yves Avignon regrette surtout le manque de marge de manœuvre des maires. "Le pouvoir de police des maires, ça ne représente rien, on a aucun pouvoir", déplore-t-il.