VIDEOS - Valls et le PS, le bras de fer permanent

L’ancien Premier ministre a officiellement rompu mardi avec sa formation de toujours, à laquelle il avait adhéré en 1980.
L’ancien Premier ministre a officiellement rompu mardi avec sa formation de toujours, à laquelle il avait adhéré en 1980. © XAVIER LEOTY / AFP
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L’ancien Premier ministre a confirmé mardi matin qu’il quittait son parti de toujours. La fin de 37 années d’union pas toujours idylliques.

Il n’y aura pas de noce de Mercure entre Manuel Valls et le Parti socialiste. L’ancien Premier ministre a officiellement rompu mardi avec sa formation de toujours, à laquelle il avait adhéré en 1980 - il y a 37 ans donc -, à l’âge de 17 ans. "Une partie de ma vie politique s'achève. Je quitte le Parti socialiste, ou le Parti socialiste me quitte", a déclaré le député de l’Essonne sur RTL. Il faut dire que les relations n’ont jamais été simples entre les deux parties. Très vite, Manuel Valls a eu la volonté de transformer le PS, se heurtant à l’appareil. Puis il s’est permis des prises de positions transgressives pour un socialiste, avant que ses manoeuvres des derniers mois ne précipitent la rupture définitive.

  • "Tu me mets quelques Blancs, quelques Whites, quelques Blancos…"

Longtemps, Manuel Valls a mené son ascension au sein du PS dans l’ombre. Celle de Michel Rocard d’abord, celle de Lionel Jospin, dont il fut le directeur de la communication à Matignon, entre 1997 et 2002, celle de Ségolène Royal enfin, lors de sa campagne présidentielle en 2007. Puis en juin 2009, il décide que le temps est venu d’entre en pleine lumière. Il se déclare candidat à la primaire citoyenne de 2011 en vue de la présidentielle de 2012. Mais quelques jours plus tard, il créé la polémique. Oubliant son micro-cravate et les caméras de la chaîne Direct 8, et alors qu’il déambule dans un marché d’Evry, son fief, il lâche à un collaborateur : "Belle image de la ville d’Évry… Tu me mets quelques Blancs, quelques Whites, quelques Blancos…"

Comme souvent, Manuel Valls assumera ses propos, mais cette petite phrase bien peu socialo-compatible lui colle encore à la peau. A la primaire de 2011, il ne récoltera que 5,63% des vopix au premier tour. Avant de se rendre indispensable auprès de François Hollande.

  • ISF, 35 heures sécurité, "pro-business"

Manuel Valls a surtout fâché ses camarades pour des prises de positions peu en accord avec la ligne du parti, d'abord en matière économique. C’est principalement à partir de 2011 et de sa candidature à la primaire qu’il fait entendre sa différence. Le 21 janvier, il affirme ainsi sur Europe 1 vouloir "déverrouiller les 35 heures", symbole d’idées des années 1970, 1980 ,1990.


"Il faut dépasser les 35 heures"par Europe1fr

Par ailleurs, dans son livre-programme, L’Energie du changement, publié en septembre 2011, Manuel Valls "propose aussi et sans tabou de supprimer l’ISF, inutile car peu rentable. Enfin, c’est en tant que Premier ministre qu’en octobre 2014, il lance, depuis la City de Londres, haut lieu du libéralisme en Europe, cette phrase : "My government is pro-buisness".

  • Le changement de nom permanent

C’est l’une des marottes de Manuel Valls. Très tôt, dès 1985, il propose de changer le nom du PS pour le transformer en maison des progressistes", selon Libération. Il n’est alors qu’un jeune militant rocardien, et sa voix porte peu. Mais cette proposition, il la réitèrera à de nombreuses reprises, y compris ces dernières années. En 2009 et 2012 sur France 2 par exemple. Ou encore, plus récemment, en octobre 2014, dans L’Obs. A chaque fois, il récuse le terme socialiste, qu’il juge dépassé. Des propos qui à chaque fois déplaisent rue de Solférino, au siège du PS.


Changer le nom du PS : l'obsession de Vallspar LeHuffPost
  • La trahison de Hollande, le ralliement à Macron

La tension entre Manuel Valls et le Parti socialiste atteint son paroxysme lors des dernières échéances électorales. Beaucoup lui reprochent d’abord d’avoir manoeuvré en coulisses pour rendre impossible la candidature de François Hollande à un second mandat. Le président sortant jette finalement l’éponge le 1er décembre, et son Premier ministre se déclare candidat à la primaire le 5 du même mois. Son impopularité au sein de son camp se traduira par une sévère défaite le 29 janvier face à Benoît Hamon.

Mais c’est surtout le 29 mars, quand il annonce qu’il votera Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle, que la fâcherie devient définitive.

Sa décision est vécue comme beaucoup comme une trahison par rapport aux engagements pris par les vaincus de la primaire de soutenir le vainqueur. Une procédure d’exclusion est même engagée par l’appareil du PS. Une procédure rendue inutile par la décision de Manuel Valls de quitter le parti. Une décision qui n’a pas particulièrement suscité de réactions éplorées. Au contraire.