La ville de Chanteloup-les-Vignes a connu de nombreuses rénovations mais reste gangrenée par le chômage et le trafic de drogue. 2:47
  • Copié
Justin Morin, édité par Gaétan Supertino , modifié à
À quelques semaines des municipales, Europe 1 se rend à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines. Cette commune de 10.000 habitants a connu de nombreuses rénovations ces dernières années, et a gagné en attractivité. Mais elle peine à lutter contre le trafic de drogue et le chômage des jeunes, qui gangrène encore la ville. 
REPORTAGE

Le premier tour des élections municipales est dans moins d'un mois. Et les enjeux du scrutin seront avant tout locaux, comme le révélait mercredi dernier un sondage BVA pour Europe 1. À Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, l'un des enjeux est ainsi de casser l'image d'une cité délinquante, forgée, en partie, par le film La Haine, paru en 1995. Quelques mois après l'incendie du chapiteau de cirque de la ville de 10.000 habitants, qui a marqué les mémoires, la sécurité est au cœur des préoccupations des habitants, comme le raconte notre reporter Justin Morin.

Dans les allées du marché du quartier de la Noé, au cœur du film La Haine, les habitants débattent sur la ville, et tout le monde n'est pas d'accord. "Il ne faut pas stigmatiser Chanteloup, je trouve que c'est une ville très accueillante !", lance une promeneuse. "Jamais je ne dirais ça, pendant combien temps n'aurons-nous pas de lumière ? Cela fait six mois...", lui rétorque un autre, évoquant l’éclairage public de certaines rues. Dans cette ville, en effet, les dégradations sont nombreuses, et les lampadaires sont les premiers à en faire les frais.

Entendu sur europe1 :
Nous ne sommes pas que des voyous, beaucoup de personnes veulent s'en sortir, elles ont besoin d'aide

"Dès que les policiers passent, les 'autres' passent derrière et ils re-cassent", évoque une habitante. "Ça a été dégradé sciemment, pour favoriser un certain commerce qu'on ignore pas", complète un autre, évoquant sans ambages le "trafic de drogue". "C'est une minorité qui dérange tout le monde", complète-t-il. "La sécurité, c'est la seule chose qui manque", conclut une troisième.

Il y a aussi les rodéos en moto, les incivilités... Une poche de délinquance composée d’une vingtaine de jeunes qui résistent. La sécurité sera d'ailleurs bien une des priorités des deux listes officiellement déclarées pour les élections. La vidéo surveillance et les effectifs des policiers municipaux sont au cœur de la campagne. Quant au trafic de drogue, "ça devrait être porté au niveau national !", scande un habitant.

Mais les Chantelouvais en ont aussi marre que l’image de leur ville se résume à ça. Chanteloup, c’est le symbole de la rénovation urbaine enclenchée au début des années 2000. Moins de béton, plus de verdure : on est loin aujourd’hui de la cité d’il y a 25 ans filmée dans la Haine. "Ils ont démoli les tours, ça fait moins ghetto", confirme un résident. "On a tout ici, un centre médical, un marché...", complète une autre. D'autres considèrent leur ville comme "joli" - le mot est lâché - et désormais attractive.

Mais ça ne suffit pas. À Chanteloup, un habitant sur deux a moins de 25 ans et parmi ces jeunes, un quart est au chômage. "J'ai longtemps cherché un emploi, à Pôle emploi, à la mission locale. J'y allais tous les jours mais si je ne relançais pas, il n y a rien qui avançait. Il faut qu'on ait des opportunités", témoigne Facrédine, 27 ans. Ce dernier a grandi et vit ici. Il gère aujourd'hui un camion de sandwich sur le marché. Mais ça n'a pas toujours été simple. "Nous ne sommes pas que des voyous. Beaucoup de personnes veulent s'en sortir. Elles ont besoin d'aide, qu'on les pousse. C'est ce qui manque à cette ville", estime-t-il.

Une poignée de médiateurs municipaux sont censés jouer ce rôle. Mais certains de ces "grands frères" affirment qu’ils ne sont pas assez formés, ni assez intégrés pour être écoutés.