Sébastien Lecornu 2:18
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Mathilde Durand , modifié à
Sébastien Lecornu, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales, est l'invité d'Europe 1 mercredi. Il répond notamment aux critiques des élus locaux, qui regrette un trop grand centralisme dans la gestion de la crise sanitaire. 
INTERVIEW

Avec la mise en oeuvre d'un déconfinement territorialisé et certaines responsabilités laissées au couple maire-préfet, le gouvernement a fait le pari d'une forme de décentralisation dans sa gestion de la crise sanitaire du coronavirus. Maillons essentiels de la reprise, de nombreux élus locaux appellent toutefois à une nouvelle organisation, laissant plus de pouvoir aux collectivités territoriales. Sébastien Lecornu, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales, réagit mercredi sur Europe 1. 

Déclinaisons locales et sens de la République

"Dans une crise sanitaire, il est normal d'avoir un cadre national", répond Sébastien Lecornu à ceux qui critiquent des décisions, venant de l'exécutif, déconnectées des territoires. "Je crois au contraire qu'on a réussi à trouver de nombreuses déclinaisons locales, notamment sur la question des marchés. (...) Pour une pandémie mondiale, cette épidémie à l'échelle nationale a trouvé tout de même une déclinaison locale."

Le ministre en charge des collectivités territoriales dénonce "une petite musique politique" qui monte au sein de la société. "Bien malins celles et ceux qui savaient comment on faisait un confinement et un déconfinement, puisque nous l'avions jamais fait avant...", lance Sébastien Lecornu. "Et puis je crois qu'il y a une seule puissance publique, nationale certes, incarnée par l'Etat, il y a la puissance publique locale, mais je crois vraiment que chacun, chaque maillon de cette puissance publique a vraiment donné le maximum avec un sens de la République qu'il convient de saluer." 

"On ne peut pas tout nous reprocher"

Alors que la France entame son troisième jour de déconfinement progressif, le ministre chargé des collectivités territoriales appelle à "ne pas confondre vitesse et précipitation" quant aux ouvertures de restaurants, ou autres décisions pouvant être incomprises au niveau local sur des territoires classés verts. "On ne peut pas tout nous reprocher. On ne peut pas d'un côté nous dire 'vous n'êtes pas assez prudents', et de l'autre 'vous être trop rigides'", rétorque-t-il. 

"Il y a une puissance publique. On ne peut pas dire 'L'Etat fait tout mal, les collectivités territoriales font tout bien'. Je suis désolée mais les policiers, les gendarmes qui ont permis le respect du confinement, c'est l'Etat. Les soignants qu'on applaudit le soir à 20 heures, c'est l'Etat. Les enseignants qui ont permis l'instruction à distance, c'est l'Etat. J'aime la République donc j'aime autant les collectivités territoriales que l'Etat", énumère le ministre en charge des collectivités territoriales. "Si vous voulez me faire dire que que les communes sont parfois plus agiles que l'Etat, car plus en proximité, la réponse est oui."

"Un bon accord" pour protéger les maires

Les élus locaux se considérant comme "en première ligne" face à la gestion de la crise sanitaire, ils craignent des poursuites judiciaires. Sébastien Lecornu a qualifié de "bon accord" celui trouvé entre l'Assemblée nationale et le Sénat qui renforce la protection juridique des élus. "Il vient codifier, fixer la jurisprudence dans la loi", ajoute-t-il. En effet, depuis 2000, la loi Fauchon protège tous les décideurs publics. "C'est un bon compromis parce qu'il y avait quelques propositions sénatoriales initiales qui étaient, me semble-t-il, un tout petit peu dangereuses, car elles prévoyaient une irresponsabilité par avance et par principe", poursuit le ministre chargé des collectivités territoriales. 

Concernant les finances de certaines collectivités territoriales, plongées dans le rouge avec la gestion de la crise sanitaire, Sébastien Lecornu rappelle que l'urgence reste la sauvegarde des associations et des entreprises. "Les collectivités locales voient leurs ressources, en général, décalées d'un an : cela veut dire que le vrai mur financier pour nos collectivités territoriales, est pour l'année prochaine".

Il assure cependant qu'aucune collectivité ne sera laissée à l'abandon face aux difficultés financières. Avec Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des comptes publics, et Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, ils planchent actuellement sur des mécanismes d'aides pour pallier aux difficultés de trésorerie les plus urgentes. Ils étudient également des dispositifs pour anticiper les besoins financiers des collectivités territoriales l'année prochaine.