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Romain David , modifié à
Pour le député La France insoumise Adrien Quatennens, invité jeudi sur Europe 1, les parlementaires qui examinent depuis mardi le projet de réforme des retraites n'ont pas pris la mesure de la grogne qui s'est mise en place contre ce texte, après deux mois de grèves et de nouveaux appels à la mobilisation.
INTERVIEW

Après 56 jours de grève, la réforme des retraites entame un parcours parlementaire qui promet d’être mouvementé. Présentée vendredi dernier en Conseil des ministres, le projet de loi est examiné depuis mardi à l'Assemblée nationale au sein d'une commission spéciale. "Emmanuel Macron a déjà perdu la bataille de l'opinion. Le fait que le projet de loi arrive à Assemblée nationale ne présage pas de l’épilogue", a averti mercredi, au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1, le député La France insoumise Adrien Quatennens, également membre de la commission des Affaires sociales. 

Pour cet élu, l'ambiance "feutrée" des couloirs du Palais Bourbon tranche avec "un pays en ébullition depuis 56 jours". "Je suis content, comme parlementaire de l’opposition, d’avoir un pied dans l’institution, mais aussi un pied à l’extérieur dans les luttes sociales avec celles et ceux qui se mobilisent", explique Adrien Quatennens.

Mais même si une majorité de Français demeure opposée au projet présenté par le gouvernement - 56% se prononcent contre dans un sondage Elabe pour BFM TV publié le 15 janvier -, ce proche de Jean-Luc Mélenchon estime que le système parlementaire devrait en favoriser l'adoption. "Les règles institutionnelles permettent qu’un projet de loi qui est contesté par une majorité de Français, qui voit un mouvement social historique contre lui, et qui ne correspond pas aux engagement présidentiels, d’un point de vue technique, législatif, puisse arriver à son terme", déplore-t-il.

L'âge pivot en suspens

Pour Adrien Quatennens, "ce projet de loi ne correspond absolument pas aux engagements présidentiels", le candidat Macron ayant promis de ne pas toucher à l'âge légal de départ en retraite. "Tout le monde a compris que les Français pourraient partir à 62 ans, mais je ne leur conseille pas. Avec l’âge d’équilibre qui va se décaler, le niveau des pensions va baisser. C’est donc un mensonge de dire que le programme présidentiel est respecté", tacle-t-il, toujours au micro d'Europe 1.

En parallèle de l’examen du projet de loi par les députés, Edouard Philippe inaugure jeudi une "conférence sur l'équilibre et le financement des retraites". À charge pour les partenaires sociaux qui y participent de trouver une manière de dégager 12 milliards d'euros, en respectant certains impératifs fixés par le gouvernement. Faute de quoi, l’âge pivot à 64 ans, que le Premier ministre avait fait inscrire dans la réforme et qu'il a finalement accepté de suspendre, sera remis sur la table.