Relaxé d'aide aux migrants, un enseignant-chercheur de Nice porte plainte en diffamation contre Estrosi

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avec AFP
Sur sa page Facebook, Christian Estrosi avait vivement critiqué l'enseignant-chercheur, qui avait convoyé des Érythréennes de la vallée de la Roya jusqu'à son domicile.

Pierre-Alain Mannoni, un Niçois relaxé le 6 janvier d'aide au séjour et au transport d'étrangers en situation irrégulière, a porté plainte en diffamation contre Christian Estrosi.

Des propos tenus sur Facebook. Cet enseignant-chercheur au CNRS, qui réclame 5.000 euros de dommages et intérêts au président de la région Paca et premier adjoint à la ville de Nice, vise des propos tenus par l'élu des Républicains sur sa page Facebook le jour-même de la relaxe. Christian Estrosi estimait notamment dans son post Facebook que Pierre-Alain Mannoni "défie la République", qu'il favorise "le travail des passeurs" et qu'il a "potentiellement mis en danger la sécurité des Français".

"Cela ne m'a jamais été reproché". "M. Estrosi m'accuse d'avoir fait entrer des étrangers sur le territoire français alors que cela ne m'a jamais été reproché, il dit que je suis coupable et hors-la-loi alors que j'ai été innocenté", explique également Pierre-Alain Mannoni. "La justice subit aujourd'hui des attaques violentes de la part des politiques, M. Estrosi se place en juge, mais la justice est indépendante et c'est le pilier de notre démocratie", note aussi l'enseignant-chercheur.

Une aide aux étrangers pour préserver leur dignité. Interpellé le 18 octobre à un péage autoroutier près de Menton avec trois Érythréennes à bord de son véhicule qu'il convoyait de la vallée de la Roya jusqu'à son domicile de Nice, Pierre-Alain Mannoni avait bénéficié devant le tribunal correctionnel de Nice de l'immunité qui s'applique lorsqu'il est reconnu que l'aide aux étrangers est effectuée pour préserver la dignité de ces derniers. Le parquet, qui avait requis six mois d'emprisonnement avec sursis, a fait appel de cette décision. Pierre-Alain Mannoni sera jugé le 26 juin devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

L'enseignant veut "se faire une notoriété". De son coté, Christian Estrosi a indiqué réaffirmer que "lorsqu'on transgresse nos lois en étant un passeur, on doit être sanctionné", jugeant "ahurissant qu'en plus de ne pas respecter la loi, M. Mannoni cherche, en déposant des plaintes, à se faire une notoriété et laisser penser que son militantisme illégal est un acte héroïque." La date de l'audience n'a pas encore été fixée.